Miroir de porcelaine, Mélanie Fazi

69, anthologie dirigée par Charlotte VolperLors de mon inscription au challenge Je lis des nouvelles et des novellas, l’organisatrice du challenge a indiqué que les éditions Actu SF étant partenaires du dit challenge, chaque participant devait la contacter pour bénéficier gratuitement d’une nouvelle numérique issue de leur catalogue, une fois leur première chronique terminée. Un grand merci, donc, aux éditions ActuSF ainsi qu’à Lune pour ce présent ! 🙂

J’ai choisi le texte Miroir de porcelaine de Mélanie Fazi, publié originellement dans l’anthologie 69 qui portait sur le thème de l’érotisme dans les littératures de l’imaginaire. Pourquoi ce texte ? Si je vous dis que j’adore les nouvelles de Mélanie Fazi, la réponse est là :). D’ailleurs, je parlerai probablement de ses recueils en ces lieux un de ces jours – à moins que je ne le fasse sur La Lune Mauve, comme ce sera le cas pour un de ses romans ? 😉

Mélanie Fazi  a un talent de nouvelliste qui me sidère à chaque fois. Ses textes ont cette façon d’amener l’émotion par petites touches, jusqu’à ce qu’à la fin, vous soyez submergé par un raz-de-marée. Dans Miroir de porcelaine, s’il n’y a pas ce final où on se retrouve pantelant, il y a bel et bien de l’émotion et une vague de tristesse qui nous enveloppe à la fin.

On suit la narratrice, artiste qui travaille en faisant danser des automates de porcelaine en usant simplement de sa propre énergie motrice. Voilà pour la touche fantastique, aussi légère et délicate que le matériau dont sont fait ces beaux automates. Iris – c’est le nom de la narratrice – nous est dépeinte dès le départ comme blessée, tentée de rester dans un cocon de sommeil. De cette blessure, nous nous doutons très vite de l’origine, mais qu’il n’y ait que peu de suspense n’enlève rien à la qualité de l’histoire. Car Miroir de porcelaine, en plus d’être bien écrit, parvient à instiller au lecteur un sentiment de tristesse, d’abandon, le même que celui ressenti par Iris. Je suis sortie de cette lecture avec un goût doux-amer en bouche, un goût de mélancolie.

Notons que l’érotisme est très discret dans le texte, même si une certaine sensualité se dégage de plusieurs descriptions., notamment celle des spectacles d’Iris et des automates. Avec Miroir de porcelaine, Mélanie Fazi fait preuve de délicatesse pour peindre le portrait de cette femme blessée. Tout est dit à petites touches, à mots ciselés, comme si la narratrice était aussi fragile et cassante que ces automates avec qui elle danse. Malgré sa colère, qui gonfle parfois.

Un bien beau texte, très mélancolique, dont je retiendrai surtout l’image des deux automates de porcelaine, à la fois vecteurs et victimes, si beaux et innocents du drame qui les entoure. Un texte qui a reçu le prix Masterton en 2010. Quand je vous dis que Mélanie Fazi est une novelliste de talent.

Nouvelle parue dans l’anthologie 69, dirigée par Charlotte Volper, éditions ActuSf, 2009.
Challenge nouvelles & novellas

4 réflexions sur « Miroir de porcelaine, Mélanie Fazi »

  1. Pour avoir lu l’anthologie, le texte de Mélanie Fazi dénote par cette mélancolie dont tu parles. Et je te rejoins quand à son talent de novelliste que tu décris fort bien. J’ai lu également Serpentine d’elle que j’ai énormément aimé. Et cette nouvelle Miroir de Porcelaine ne fait pas exception !

  2. Moi aussi j’ai choisi cette nouvelle dans le cadre du partenariat ActuSF et JLNN 😉 C’est vrai que la chute de cette nouvelle nous surprend vraiment. En la relisant, j’ai noté plus de détails que lors de ma première lecture ; ce sentiment de malaise si bien retranscrit. La sensualité est bien présente dans le mouvement des automates, l’érotisme se trouve dans le « passé » immédiat d’Iris, non ?
    « deux automates de porcelaine, à la fois vecteurs et victimes » oh c’est très bien trouvé ! (et joliment dit)

    1. Merci ! *^_^*
      Pour l’érotisme, je pense que je l’ai trouvé discret par comparaison avec d’autres textes érotiques que j’ai li – chez Piments et Muscade notamment – mais je n’ai pas voulu dire qu’il était totalement absent 😉 Et oui, la sensualité, elle, est bien présente !
      C’est vrai que les écrits de Mélanie Fazi prêtent facilement à la relecture, pour mieux attraper les petits détails que l’émotion de la 1ere lecture nous aura fait manquer.
      En tout cas je vois que je ne suis pas la seule à aimer ses nouvelles 🙂
      Merci encore pour ce gentil commentaire

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