Après une période de pause, les billets sur les bibliothèques autour du monde reprennent ! 🙂
Comme le laissait présager un précédent billet, nous partons à l’Est, au pays du Soleil Levant : le Japon. Je n’ai malheureusement pas trouvé de bibliothèques traditionnelles (ou bien je n’ai pas su chercher) mais des bibliothèques modernes, qui allient aussi parfois l’ancien au nouveau, font preuve de belles architectures ! En avant pour un petit aperçu du Japon, à travers ses bibliothèques.
Kanazawa Umimirai
Le bâtiment de la bibliothèque Kanazawa Umimirai, à Kanazawa donc, a été conçu par l’agence d’architecture japonaise Coelacanth K&H. Tout de blanc et percé d’ouvertures rondes, cette bibliothèque résolument futuriste offre cependant un véritable confort d’étude et de lecture à ses usagers en raison de ces ouvertures, qui permettent une aération optimale pendant les mois les plus chauds, tout en diffusant une lumière naturelle très agréable. Une impression d’évoluer dans un décor d’un film de science-fiction.

Site Internet de la Bibliothèque Kanazawa Umimirai (en japonais)
Sendai Miya
À Sendai, la médiathèque a été conçue par un architecte japonais, Toyo Ito et revêt également un aspect résolument moderne, voire futuriste. Le bâtiment fut dessiné en 1995 et sa construction achevée en 2001. Située à la place d’un ancien dépôt de bus et de l’ancienne bibliothèque, la médiathèque a été pensée comme étant un élément intégré de l’environnement urbain contemporain, sans être en rupture complète avec la nature. Ainsi, des structures tubulaires me rappellent les bambous.

Site Internet de la Médiathèque de Sendai (en japonais et en anglais)
Bibliothèque de l’université Seikei
Toujours dans les ambiances futuristes, la bibliothèque de l’université Seikei (à Tokyo) propose des sortes de bulles posées sur des piliers où les étudiants peuvent se poser avec leurs livres pour étudier en toute quiétude, presque en apesanteur.

Shiba Ryotaro Memorial
Situé à Osaka, le Shiba Ryotaro Memorial est – comme son nom l’indique – entièrement dédié à l’écrivain japonais, décédé en 1996. Ses romans historiques ainsi que ses essais sur son pays ont fait sa renommée et le bâtiment qui lui rend hommage, à l’inverse des exemples que nous avons vu précédemment, est résolument traditionnel dans le sens : naturel.
Le bois est partout, les étagères hautes rappellent ces bibliothèques d’antan et, aux yeux de certains, figurent l’effort à fournir pour accéder à la profondeur de l’oeuvre de Ryotaro Shiba.

Yamakoya
Le Mémorial dédié à Ryotaro Shiba n’a pas le monopole de la bibliothèque en bois ! L’école de Hina-Higashi s’est vue octroire une bibliothèque toute en bois, conçue par l’architecte Ben Nagaoka qui a reçu le prix Good Design pour cette dernière. Entre le matériau et la forme, l’ensemble forme un nid douillet dans lequel il fait bon lire.

Malgré la crise économique, les bibliothèques japonaises se portent bien. Mieux : elles croissent ! Une bonne nouvelle qui console un peu des nombreuses fermetures de bibliothèque publiques au Royaume-Uni (pas moins de 74 bibliothèques ont fermé en entre 2012 et 2013).
Par ailleurs, le tremblement de terre de mars 2011 (et ses tristes conséquences que l’on sait…) a également fragilisé, voire détruit des bibliothèques. Mais le pays, très conscient de l’importance des livres et du savoir pour ses habitants, a pu voir de nombreuses personnes – bibliothécaires, bénévoles et lecteurs – s’activer pour pouvoir fournir à nouveau à la population livres et lecture.

L’IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions) a par ailleurs créé une page (en anglais) où elle recense les articles concernant les bibliothèques affectées par le tremblement de terre de mars 2011 et les actions entreprises pour proposer à nouveau l’accès au livre et au savoir.
Vous me direz : que sont des livres face aux vies humaines emportées et à la catastrophe nucléaire en cours à Fukushima ? Mais justement : les efforts de la communauté concernant les bibliothèques et la multiplication de ces dernières comme l’augmentation des budgets dédiés montrent bien qu’aux yeux des Japonais, l’accès de tous à la lecture demeure un point important. Le livre, c’est le divertissement – et je pense que beaucoup de gens ont besoin de penser à autre chose, là-bas, ne serait-ce qu’un instant – mais c’est aussi l’information, le savoir. Qui demeurent d’une importance cruciale, encore plus en des temps difficiles.
Ce blog étant dédié au livre, mon propos reste centré sur celui-ci mais cela n’empêche pas, bien entendu, de rappeler le drame qu’a connu le Japon en mars 2011 et qu’il connaît encore avec la centrale nucléaire de Fukushima, qui n’est toujours pas sous contrôle à ce jour.
Bonus
Terminons sur une note humoristique. Comprenez bien qu’il ne s’agit pas d’une marque irrespectueuse de ma part envers la tragédie de mars 2011, mais de montrer un autre aspect du Japon et de son rapport aux bibliothèques, dans l’esprit des autres articles sur les bibliothèques du monde où j’essaie de présenter un éventail des rapports des habitants du lieu avec les bibliothèques, tant au travers des bâtiments en eux-mêmes que des actions menées pour ou dans ces lieux.
Voici un jeu télévisé imaginé par les Japonais qui a fait le tour du monde depuis (chez nous, il est arrivé sous le nom Chut, chut, chut). Sairento Toshokan (ou Silent Library) voit les participants jouer au sein d’une bibliothèque. Ils subissent des gages (plutôt des punitions, vu qu’ils sont douloureux) mais doivent rester silencieux, rapport au lieu où se déroule le jeu. Difficile cependant de garder le silence face à de tels supplices ! L’émission au sein de laquelle ce jeu est diffusé existe depuis 1989 et est toujours diffusée actuellement – c’est dire son succès malgré ces gages qui ne volent pas haut. Au moins y voit-on les bibliothèques sont un jour nettement moins impressionnant et moins sérieux.
Coup de coeur pour le Mémorial ❤ (un rêve de bibliothèque infinie, que c'est !), ainsi que pour les bulles blanches en suspens. Toujours un plaisir quand tu nous emmènes ainsi en voyage 🙂
Je te rejoins sur l'importance des livres et de la culture par temps de catastrophe, ils sont nécessaires plus que jamais. Pour la distraction oui, mais surtout à mes yeux pour recentrer les choses sur l'essentiel, ne pas rester dans la sidération déclenchée par l'horreur, remettre en mouvement l'âme et le corps, et surtout le lien entre les gens, entre les choses… Bon tout cela est fort cliché, je ne trouve pas de formule plus fine pour exprimer ça. Mais l'idée c'est qu'il n'y a pas besoin seulement d'oublier une catastrophe ou de la dénier, mais de la regarder au fond des yeux, au fond du trou, pour en cerner et extraire la cause ; pour soigner tout ce qui a été détruit et ravagé, humains, bêtes, sol, air ; pour ne pas perdre de vue des repères majeurs, je sais pas, l'empathie, le partage, le respect du vivant, tout ça et bien plus encore… Sans compter que la littérature elle-même (et pas juste son utilisation ou sa 'consommation') peut être soignante et nécessaire.
Bref, très touchée par ton billet Lullaby ❤ (et à nouveau une skin toute neuve dis donc ! Très classe ^.^)
Merci de ton commentaire, Sumitsuki, qui me touche beaucoup lui aussi ❤ Je te rejoins totalement pour les différents aspects d'importance que revêtent les livres dans de telles tragiques situations – le fait que le Japon multiplie les initiative en la matière est d'ailleurs, je trouve, un signe fort du rapport qu'entretient le pays avec cet aspect (quand on voit la situation en Grande-Bretagne, avec toutes ces fermetures en période de crise économique, c'est d'autant plus frappant). Comme toi, je n'arrivais pas à trouver les mots exacts mais tu as compris le sens de mon propos 🙂
Ravie que ce voyage "bibliothesque" au Pays du Soleil Levant t'ait plu ! 🙂 Je pensais t'en causer un peu avant par mail mais comme tu sais, le temps file à grande vitesse et je n'ai pas pu mais bon, comme ça, la surprise est là ^^
J'avoue aussi un coup de coeur pour le Mémorial et la bibliothèque d'école en bois façon nid alvéolé ❤
Bises de bibliothèques 🙂
Lulla
Bonjour
Je pars au Japon cet été et j aurais voulu savoir si les bibliothèques dOSaka et celle de la Bibliothèque de l’université Seikei sont ouvertes au public ? Merci
Bonjour, l’idéal serait de vous renseigner auprès des offices de tourisme locaux. Si j’en crois le site du Shiba Ryotaro Memorial Museum d’Osaka, celui-ci est ouvert au public aux jours et horaires indiqués sur leur site (http://www.shibazaidan.or.jp/english/). Concernant la bibliothèque de l’université Seikei, l’accès est beaucoup plus restreint. Il est possible de visiter, apparemment, mais il y a de nombreuses restrictions et c’est sur inscription uniquement et seulement durant certaines périodes de l’année (http://www.seikei.ac.jp/university/library/common/librarytourguide.pdf).
Bon voyage ! 🙂