Philoséries : Buffy, Tueuse de vampires, Sylvie Allouche et Sandra Laugier (dir.)

Quatrième de couverture

Entre Twin Peaks ou The Wire, plus récemment Breaking Bad ou Game of Thrones… en quelques décennies, les États-Unis ont révolutionné le genre de la série télévisée par la qualité de leur production, laquelle a suscité un important travail d’analyse dans le monde anglo-américain. La parution du premier ouvrage français consacré à la série pionnière Buffy contre les vampires (1997-2003) constitue à ce titre un jalon important dans un pays qui accuse encore du retard pour ce qui est de la recherche sur les médias et la culture populaire.
Buffy est en effet particulièrement emblématique, par sa qualité d’écriture et son intérêt philosophique, des ambitions théoriques dont sont capables les séries.
C’est ce que vise à montrer cet ouvrage riche des contributions de disciplines variées : philosophie, mais aussi anthropologie, littérature comparée, psychanalyse et sociologie.

Mon avis

Photographie personnelle

Ah ! Buffy The Vampire Slayer ! Ou Buffy contre les vampires en VF, telle que je l’ai découverte durant mes jeunes années, lorsqu’elle était diffusée dans le cadre de la Trilogie du samedi aux côtés d’autres bonnes séries. Et puis, bien plus tard, j’ai visionné la série en VO (nettement mieux ! La traduction laisse franchement à désirer, et comme l’un des ingrédients phares de la série sont ses dialogues…), en long, en large, en travers… Buffy, c’est ma série culte, celle que j’ai vu en intégralité plus d’une fois (je ne compte même plus). Celle que je revois encore et encore avec autant de plaisir. Alors quand j’ai su que Bragelonne sortait un essai sur le sujet, j’ai foncé.

Et je n’ai pas regretté ! 🙂 Jugez plutôt : j’ai englouti le livre en quelques jours. Mais d’abord, petit rappel sur la recette du succès de la série, qui a duré 7 saisons. Elle se poursuit en comics (saison 9 en cours), mais j’ai laissé tomber en cours de route ce format, échaudée par des retours plus qu’improbables de personnages censés disparus pour de bon et une incohérence de taille que Joss Whedon a lui-même reconnu (pour info, c’est lui le papa de Buffy, ainsi que d’une autre super série qui a – hélas ! – connu une durée de vie bien plus brève et c’en est très dommage, j’ai nommé Firefly).

Bref ! Je disais donc, rappel du succès de la série : de l’humour (les dialogues sont sa-vou-reux ! 🙂 ), des effets spéciaux kitschouilles volontairement (la série ne se prend pas au sérieux), une héroïne forte (à l’époque, voir une fille dérouiller du méchant, ce n’était pas courant), des personnages aussi fouillés qu’attachants et vraisemblables (et bien campés !) et surtout un aperçu métaphorique de l’adolescence  tellement vrai qu’il parle véritablement à son public. Et ce, quelque soit son âge : même maintenant, la série continue à me toucher, ne serait-ce que parce qu’au fil des 7 saisons, les personnages grandissent et mûrissent, passant progressivement de l’adolescence à l’âge adulte.

Et, donc, voilà un essai qui s’attache à creuser davantage encore dans les richesses que contient cette série. Un essai accessible même aux non-spécialistes de la philosophie, sociologie, psychologie, etc, par contre, mieux vaut avoir une bonne connaissance de la série – cela dit, je pense que seuls les aficionados liront l’ouvrage. Qu’ils foncent sans souci : l’ouvrage est vraiment passionnant ! 🙂

Après de courts articles qui exposent en quoi Buffy est une série bien plus profonde et complexe qu’il n’y paraît et comment elle a réunit les ingrédients nécessaire pour en faire une série-culte pour adolescents, on rentre ensuite dans une deuxième partie plus approfondie. Composée de trois longs articles, qui chacun se basent sur un épisode bien précis pour l’analyser avant de partir sur un champ de réflexion plus vaste, cette seconde partie témoigne à elle seule de la richesse de Buffy. Je pensais avoir une analyse personnelle plutôt bien poussée, ayant lu divers articles sur le sujet, mais ces trois analyses m’ont prouvé qu’il y avait encore beaucoup à découvrir concernant ma série préférée ! Je n’en dis pas plus pour ne pas vous ruiner la découverte, mais cette deuxième partie, après une première plutôt frustrante car reprenant des éléments que je connaissais déjà, vaut à elle seule la lecture de ce livre. On y découvre les épisodes Sans défense (Helpless, saison 3, épisode 12), Cohabitation difficile (Living Conditions, saison 4, épisode 2) et Un silence de mort (Hush, saison 4, épisode 10) sous un angle totalement nouveau. C’est à tel point qu’une fois terminée ma lecture de ces articles passionnants, je me suis demandé combien d’autres pistes toutes aussi passionnantes pouvaient être explorées, dans d’autres épisodes ?

Suit ensuite une troisième partie où sont évoquées la sexualité dans la série (loin d’être racoleur, cet article met en lumière bien des choses concernant les personnages et le fait que la série parle autant à son public) et la mythologie que Buffy s’est créée, le Buffyverse. Deux articles eux aussi très intéressants, qui concluent bien l’ouvrage – cependant, j’aurai aimé que le dernier article soit un peu plus développé, ou tout du moins se termine moins abruptement.

Gros coup de coeur, donc, pour cet essai qui traite bien d’une série-culte ! Je n’aurai que deux bémols à souligner. Le premier, c’est que, justement, c’est si passionnant et j’ai appris tant de choses que j’aurai aimé qu’il y en ait plus ! 🙂 La seconde partie m’a vraiment épatée et s’il avait été possible de faire des analyses d’autres épisodes de la même manière, ç’aurait été génial ! (ç’aurait aussi été un pavé ^^ »). Donc, bon, petit bémol en l’occurrence ^^ L’autre – plus sérieux – c’est le prix. 32 euros pour 210 pages, même si plusieurs auteurs sont au sommaire, ça fait mal au porte-monnaie. Heureusement que la qualité est au rendez-vous, sinon, il y aurait eu de quoi grincer des dents.

En tout cas, même si ce seul essai est loin de faire le tour de tout ce qu’on pourrait dire au sujet de la série télévisée, il offre aux fans francophones de biens intéressantes analyses et la preuve, s’il y en avait encore besoin, que Buffy The Vampire Slayer n’est pas devenue une série-culte à partir de rien. Elle possède d’innombrables qualités et cet essai en offre un bon aperçu ! Un livre à offrir à ou se faire offrir à tous les fans de la série 🙂

Éditions Bragelonne, 210 pages, 2014

Et pour la séquence nostalgie, voici le générique de la saison 1, avec la qualité d’image qui va avec le souvenir – enjoy ! 🙂

10 réflexions sur « Philoséries : Buffy, Tueuse de vampires, Sylvie Allouche et Sandra Laugier (dir.) »

  1. Super compte-rendu ! Pour info, c’était à l’origine une journée d’étude qui a eu lieu en 2009, et certaines interventions n’ont pas été retravaillées en articles pour ce recueil ; par contre, des articles inédits ont été commandés pour compléter le sommaire actuel.
    Il est dans ma whish-list depuis un moment…
    Pour en savoir plus, voir le site internet géré par Sylvie : http://philofictions.org/

    1. Merci pour l’info et le site ! 🙂 J’ai jeté un oeil au site, j’espère qu’ils publieront d »autres actes de ces colloques (Battlestar Galactica, notamment, il y en a à dire dessus !).
      Et rah, je regrette que tout n’ait pas été repris dans le livre sur Buffy mais bon, ce qui y est est déjà vraiment bien 🙂

  2. Un livre sur Buffy? Wouh! ça tombe bien, je suis justement entrain de me refaire l’intégral. J’en suis à la saison 6 😀 ça me fait bien envie.

  3. […] Buffy faisant partie de mes séries préférées, ce n’est pas une surprise de la retrouver dans ce top ! 🙂 J’adore son générique aux notes si reconnaissables (l’orgue d’abord, puis les riffs de guitare ^^) et la présentation des différents personnages. À noter que le générique sera très différent pour l’épisode 7 de la saison 6, à savoir le fameux épisode musical ! 🙂 Buffy a bercé mon adolescence et déjà, à l’époque, j’attendais avec impatience d’entendre le fameux générique 🙂 […]

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