J’avais programmé cet article avant l’annonce des fermetures des commerces, services publics non essentiels et la quasi-mise à l’arrêt du pays suite à la pandémie de coronavirus. Cela me fait une impression étrange, de chroniquer un film aussi pétillant en des temps aussi anxiogènes. Pour tout vous dire, j’ai même hésité à en laisser la publication à la date que j’avais programmée, envisageant de la repousser. Mais c’est justement à l’heure où nous sommes, pour beaucoup, confinés chez nous, loin de tout contact social, qu’un peu de légèreté à travers un film est la bienvenue. Alors, puisque les sorties sont limitées à l’essentiel, je vais continuer, comme d’habitude, à publier mes avis de lectures, visionnages et autres jeux sur le blog. Prenez soin de vous pendant cette période difficile, suivez bien les consignes d’hygiène et de confinement ne serait-ce que pour protéger les plus fragiles car on peut être porteur sain du virus, téléphonez à vos proches pour limiter autant que faire ce peu la désocialisation (un coup de fil est garanti sans virus !), si vous avez des animaux, câlinez-les (ils ne sont pas contaminants), bref, take care ! ❤
J’aurais mis quelques mois à chroniquer ce film alors que je l’ai adoré (mais bon, si vous saviez le nombre de billets que j’ai dans mes brouillons ! ^^ »). Après avoir revisionné, comme chaque année durant les fêtes, Les quatre filles du docteur March version 1994, j’ai été ravie de découvrir Les filles du docteur March version 2020, en salle, en ce début d’année ! 🙂
Je partais avec un bon a priori, entre le casting superbe et les critiques positives que j’avais vu fleurir ici et là. Ma seule crainte était que mon opinion de cette nouvelle adaptation d’un des romans cultes de mon enfance ne soit entaché par mon attachement au film de Gillian Armstrong, cher à mon coeur. Mais cette crainte s’est avérée infondée : je suis ressortie de la salle absolument enchantée ! 🙂
Les filles du docteur March version Greta Gerwig est aussi bon que celui de Gillian Armsmtrong. Malgré le matériau de base similaire, Greta Gerwig parvient à offrir sa propre vision sans pour autant faire doublon avec celle de sa prédécesseuse de 1994.
Tout d’abord, l’intrigue se dévoile en une chronologie double. Nous commençons par la fin avant d’être projetés régulièrement dans des flash-backs. Ces nombreux allers et retours entre passé et présent permettent de mieux souligner l’évolution des personnages, en particulier celui d’Amy. Sa progression d’enfant gâtée et capricieuse vers une adulte mature est nettement mieux mise en valeur ainsi.
Si les grandes péripéties bien connues du livre sont présentes, le film de Greta Gerwig reprend également d’autres anecdotes qui étaient oubliées du précédent film. Ainsi, les pantoufles brodées, la dépense inconséquente de Meg sont abordées et apportent de petites touches supplémentaires aux personnages et à leur progression.
Aucun personnage n’est laissé de côté même si, bien sûr, Jo reste le personnage central, double de l’autrice. Même la figure du père a un peu plus de répliques que dans le premier film où il faisait surtout office de figuration ! En parlant de Jo, même si l’interprétation de Wynona Ryder dans le film de 1994 restera toujours ma favorite, celle de Saoirse Ronan est excellente également. L’actrice rend bien toute l’impétuosité du personnage, sa fraîcheur et son tempérament d’écrivain. La scène où elle est littéralement emportée par son inspiration, au point que sa mère se charge de lui porter ses repas sur un plateau pour qu’elle n’oublie pas de se sustenter, a trouvé écho en ma personnalité d’autrice.
Jo, qui était déjà implicitement présentée comme une double de l’autrice dans le film de 1994, se voit offrir dans celui de 2019 une fin légèrement différente que dans les livres (c’est suggéré, au spectateur de se faire son avis ;)) pour mieux souligner cette projection de l’autrice dans le personnage tout comme son indépendance. J’ai trouvé cette façon de faire subtile, un bel hommage à Louisa May Alcott tout en laissant aux spectateurs attachés à la fin romantique du roman la possibilité de préférer cette interprétation.
Le propos féministe est par ailleurs plus appuyé que dans le film de Gillian Armstrong où, s’il était présent dans quelques répliques piquantes, il restait plutôt discret. Dans le film de Greta Gerwig, la place de la femme, le rôle de l’épouse, le sujet des revenus et du travail sont largement abordés. Plus qu’une analyse de la femme dans la société de l’époque, il permet par ricochet de s’interroger sur notre société d’aujourd’hui où, si les femmes ont acquis une certaine indépendance, elles restent encore prisonnières d’injonctions et de systèmes étouffants.
Enfin, Les filles du docteur March présente un aperçu précis de la création littéraire et des affres de l’édition. La négociation des droits, la différence entre les histoires écrites avec le coeur et celles écrites pour fairet vendre, autant de sujets qui étaient peu abordés par Gillian Armstrong et qui sont ici présentés frontalement.
Au final, Les filles du docteur March version Greta Gerwig a été un vrai régal pour moi et se hisse sans peine aux côtés de mon adaptation chouchou par Gillian Arsmtrong. À présent, lors des prochaines fêtes, ce sera pour moi double dose de filles March : celles, romantiques et nostalgiques, de 1994 et celles, modernes et affranchies, de 2019 🙂
Bande-annonce
Little Women
Réalisé par Greta Gerwig, scénario de Greta Gerwig d’après le roman de Louisa May Alcott, 2019, 2h15
Ce visionnage s’inscrit dans le challenge XIXe organisé par Alphonsine (validation du sous-menu Ruée vers l’or du menu Explorations & découvertes).
Très joli article !
Un gros coup de cœur pour cette version, cette narration de l’histoire non linéaire est un vrai plus, et ça aide aussi peut-être à se détacher dès le début des anciennes versions !
Merci pour ton commentaire Melasc ! Oui, c’est une belle trouvaille que cette narration, j’ai beaucoup aimé !