Quatrième de couverture
Suite à une guerre perdue par les siens, Aniélis, enfant issue des clans matriarcaux valadons, doit apprendre à vivre dans la culture misogyne des vainqueurs. Elle refuse de se soumettre et rend les coups jusqu’à devenir une icône, crainte par certains, adulée par d’autres. Tout doit plier devant sa haine, y compris Joffrey, l’homme qu’elle aime alors qu’il appartient à l’ennemi, et Sibille, la petite sœur à la loyauté vacillante. Qu’y aura-t-il au bout du chemin ?
Mon avis
Trigger Warnings : ce livre comporte des scènes de Violence, Mort, Sexe explicite, Violences sexuelles
Aniélis est une petite fille valadonne. Mais sa vie bascule lorsque son clan est massacré, sa famille tuée et sa maison brûlée. Enlevée par les attaquants, des Grésois, elle est emmenée dans une école chargée de faire d’elle une parfaite femme grésoise : illettrée, soumise, interdite d’espace public sans la présence d’un mari. Mais Aniélis a grandi dans une culture où les femmes possédaient les rênes du pouvoir. Et Aniélis possède aussi un caractère entier. Elle va se rebeller. Pour tenter de la plier, un prêtre accepte qu’elle noue une amitié secrète avec un autre pensionnaire, Joffrey. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu… Joffrey rêve de devenir prêtre de Ceylhad et Aniélis, elle, de venger son clan.
Valadonne a été une excellente surprise ! Lu dans le cadre d’une lecture commune, je ne connaissais pas ce roman et j’ai été très vite accrochée par ce récit, au point de le dévorer en quelques jours en dépit de sa taille.
Autant prévenir d’emblée : Valadonne est un roman de dark fantasy réservé à un public averti. Aucune trace de magie dans cet univers d’inspiration médiévale, mais la violence, en particulier misogyne et sexuelle, y est particulièrement prégnante, voire même oppressante. Mais cette violence est justifiée par l’univers construit : l’Ordre de Ceylhad est tout sauf tendre et diabolise les femmes, et les pouvoirs en jeu n’hésitent pas à broyer la moindre résistance, sans se soucier des dommages collatéraux.
On s’en doute, avec un Ordre comme celui-là, Valadonne interroge les traitements infligés aux femmes. Il serait cependant réducteur de dire que le féminisme est le seul thème majeur du roman. À travers l’Ordre qui vénère Ceylhad, Marie Tétart glisse de subtiles réflexions sur le poids de la religion, sur les dangers de celle-ci quand elle est trop impliquée dans le pouvoir, sur le déséquilibre induit par une société qui écrase la moitié féminine de ses membres, sur le mépris des riches envers les pauvres, sur la censure, et bien d’autres thèmes encore.
Tout cela transparaît à travers son univers très bien construit, mais ce qui fait la force de Valadonne, ce sont aussi ses personnages. Aniélis évolue tout au long du roman. Si sa quête aveugle de vengeance m’a parfois agacée, car cela la menait à se montrer odieuse envers Sibille, sa soeur, et Misha, son compagnon qui la suivait même quand il n’approuvait pas ses actes, ses actions étaient logiques au vu de sa personnalité comme de son parcours. Et Marie Tétart lui réserve une belle évolution !
Les personnages secondaires ne sont pas en reste : Joffrey, déchiré entre son aspiration à la prêtrise, qui impose un strict célibat, et son amour pour l’entière Aniélis ; Sibille, en apparence si douce et si soumise, mais à l’esprit vif ; Misha, au passé tragique et qui aime Aniélis sans condition, lui permettant de découvrir le plaisir de la chair ; Brice, et tous les autres.
Aucun d’eux n’est parfait, certains ont une morale plus grise que d’autres, mais chacun va tenter de se construire, de mener à bien ses combats à sa manière dans ce monde où l’Ordre veut tout dominer de son étroite main de fer.
La plume est très belle et achève de faire de ce roman un beau coup de coeur, en dépit de ses aspects sombres. Je ne suis pas prête d’oublier ses personnages, ni les émotions que l’autrice m’a fait ressentir, et encore moins les réflexions qu’elle m’a inspirée.
Si vous recherchez un roman dark fantasy aux thèmes forts et aux personnages marquants, je vous recommande Valadonne !
Auto-édition, 423 pages en version numérique, 2020
2 commentaires sur « Valadonne, Marie Tétart »