Quatrième de couverture
À deux millions d’années-lumière de la Terre, sur la planète Vinéa, commence une exploration qui va tourner au cauchemar. Dans ces contrées hostiles, de menaçants insectes géants sont programmés pour tuer ; sur un satellite, des ouvriers meurent irradiés pour fournir de l’énergie à une cité-planète en errance dans l’espace ; dans une ville sous-marine, des enfants sont conçus pour devenir des techniciens de la mort… Sur Vinéa comme sur la Terre, la quête du pouvoir absolu conduit aux pires extrémités… et il faudra le courage et la ténacité de Yoko Tsuno pour redonner l’espoir à l’humanité.
Mon avis
Oui, je sais, je n’ai chroniqué que la première intégrale. Mais puisque cette dernière présentait l’arc narratif vinéen et que le challenge Summer Star Wars Episode II se termine ce jour (en même temps que démarre mon challenge Halloweenesque (oui, je fais de l’auto-promo ^^)), j’ai décidé de chroniquer l’intégrale n° 4 avant les intégrales 2 et 3. Parce que, dans cette intégrale, les trois aventures de Yoko se déroulent soit sur le sol de Vinéa, soit sur Ixo, le satellite d’une autre planète du même système solaire que Vinéa. Trois aventures que l’on peut donc ranger sans hésitation sous la bannière du planet opera ! 🙂
Dans Les Titans, Yoko et ses amis sont invités à aider les Vinéens à identifier une espèce inconnue dont une patte a été retrouvée, charriée avec des débris dans une région aquatique. Cette patte ressemblant fort, mais en version géante, à celle d’un insecte terrien, on comprend le sens de cette invitation. Mais la patte en question est renforcée par du titane – ces insectes géants pourraient donc fort être aussi une espèce intelligente. À ceci près que les Vinéens n’ont jamais entendu parler de telles créatures dans la faune de leur planète… cette nouvelle aventure de notre électronicienne préférée trouverait une belle place dans un pulp, avec ce décor de jungle humide, ces bestioles géantes, et ces damoiseaux en détresse – oui parce que Yoko s’en sort relativement mieux que ses compagnons, ces derniers étant vite escamotés de l’intrigue ^^ ». Une aventure de planet opera plaisante, pas originale pour un sou mais – et là j’insiste dessus – qui aborde la question du spécisme comme ça, l’air de rien. Enfant, je n’avais pas vraiment fait attention à cet aspect de l’histoire – même si la tolérance de Yoko, qui persiste en dépit des frontières même des espèces, n’avait fait qu’ajouter à l’admiration que je vouais déjà au personnage – mais aujourd’hui, alors que je suis adulte et, depuis quelque temps, intéressée par les rapports qu’entretient l’Homme avec les autres espèces vivantes qui peuplent la planète, certaines étant aussi douées d’intelligence, je me dis que cette aventure qui sonne comme un récit de détente possède une réflexion sous-jacente des plus intéressantes.
La lumière d’Ixo nous emmène hors de Vinéa, sur un satellite glacial sur lequel les Vinéens entreposèrent toute matière dangereuse pour la vie – et là, alors qu’on pensait ce peuple extraterrestre si évolué, notre opinion en prend un coup : eux aussi ont leurs décharges à ciel ouvert et ne savent que faire de matières telles qu’acide corrosif, piles irradiées, etc. Du coup, tout a été placé sur un satellite qui n’est autre qu’une boule de glace sas atmosphère, où il n’y a donc aucun risque pour que les matières entreposées ne se dégradent et ne tuent. Oui mais, de ce satellite normalement dénué de vie part à intervalle régulier, selon un cycle de plusieurs années bien précis, un rayon de lumière. Un mystère que Khâny, Yoko et leurs amis vont s’efforcer de percer. Et, lorsqu’ils arriveront sur Ixo, ils constateront vite une chose : la planète n’est pas aussi déserte qu’on le pensait ! Dans ce nouveau récit, outre le fait que l’on change de décor, on découvre une autre forte tête et son entrevue avec Yoko va faire des étincelles ! Un duo intéressant, qui montre bien le caractère de notre héroïne et sa façon de réagir quand elle rencontre une personne aussi têtue et dotée d’une forte personnalité qu’elle – son personnage s’affine ainsi. L’histoire permet aussi, en plus d’évoquer la question du devenir des déchets dangereux, de poser la question du mysticisme chez les Vinéens. Je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue mais cet épisode permet de redonner aux Vinéens un visage plus humain, puisque eux aussi peuvent se retrouver pris dans une foi aveugle.
On retourne sur Vinéa avec Les Archanges de Vinéa. Les Vinéens, toujours à la recherche des survivants du cataclysme comme de l’Histoire (les Cités restantes s’étaient livrées une guerre meurtrière), partent sur les traces d’un mystère non résolu : des enfants bloqués à l’adolescence. Aidant Khâny à résoudre ce mystère, Yoko, accompagnée de la petite Poky, découvre une cité sous-marine. Une cité gouvernée par une reine des plus autoritaires… nouvelle forte tête face à Yoko dans ce récit qui, pour une fois, ne se déroule ni dans l’espace ni sur « terre » mais sous l’eau ! L’occasion de découvrir la technologie adaptée des Vinéens, quelques bestioles et de nouveaux robots. Dont certains ont un visage très humain… Une histoire sympathique, qui traite aussi l’air de rien de la question de l’embrigadement des enfants dans la guerre.
On le voit, dans ces trois récits de planet opera, l’aventure n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît au premier abord. Roger Leloup en profite pour glisser des pistes de réflexions à ceux qui souhaiteraient s’y intéresser, sans ôter l’émerveillement et le dépaysement de ces trois aventures. Un alliage idéal qui explique, entre autre, pourquoi les aventures de Yoko peuvent parler à tous les publics, quelque soit l’âge ! 🙂 On notera aussi que les rencontres avec de fortes personnalités permettent d’affiner encore le personnage de Yoko.
Intégrale n°4, comprenant les volumes 8, 10 et 13 de la série.
Éditions Dupuis, 163 pages, 2007