Yoko Tsuno t. 4 : Vinéa en péril, Roger Leloup

Yoko Tsuno : Vinéa en péril, Roger LeloupQuatrième de couverture

À deux millions d’années-lumière de la Terre, sur la planète Vinéa, commence une exploration qui va tourner au cauchemar. Dans ces contrées hostiles, de menaçants insectes géants sont programmés pour tuer ; sur un satellite, des ouvriers meurent irradiés pour fournir de l’énergie à une cité-planète en errance dans l’espace ; dans une ville sous-marine, des enfants sont conçus pour devenir des techniciens de la mort… Sur Vinéa comme sur la Terre, la quête du pouvoir absolu conduit aux pires extrémités… et il faudra le courage et la ténacité de Yoko Tsuno pour redonner l’espoir à l’humanité.

Mon avis

Oui, je sais, je n’ai chroniqué que la première intégrale. Mais puisque cette dernière présentait l’arc narratif vinéen et que le challenge Summer Star Wars Episode II se termine ce jour (en même temps que démarre mon challenge Halloweenesque (oui, je fais de l’auto-promo ^^)), j’ai décidé de chroniquer l’intégrale n° 4 avant les intégrales 2 et 3. Parce que, dans cette intégrale, les trois aventures de Yoko se déroulent soit sur le sol de Vinéa, soit sur Ixo, le satellite d’une autre planète du même système solaire que Vinéa. Trois aventures que l’on peut donc ranger sans hésitation sous la bannière du planet opera ! 🙂

Dans Les Titans, Yoko et ses amis sont invités à aider les Vinéens à identifier une espèce inconnue dont une patte a été retrouvée, charriée avec des débris dans une région aquatique. Cette patte ressemblant fort, mais en version géante, à celle d’un insecte terrien, on comprend le sens de cette invitation. Mais la patte en question est renforcée par du titane – ces insectes géants pourraient donc fort être aussi une espèce intelligente. À ceci près que les Vinéens n’ont jamais entendu parler de telles créatures dans la faune de leur planète… cette nouvelle aventure de notre électronicienne préférée trouverait une belle place dans un pulp, avec ce décor de jungle humide, ces bestioles géantes, et ces damoiseaux en détresse – oui parce que Yoko s’en sort relativement mieux que ses compagnons, ces derniers étant vite escamotés de l’intrigue ^^ ». Une aventure de planet opera plaisante, pas originale pour un sou mais – et là j’insiste dessus – qui aborde la question du spécisme comme ça, l’air de rien. Enfant, je n’avais pas vraiment fait attention à cet aspect de l’histoire – même si la tolérance de Yoko, qui persiste en dépit des frontières même des espèces, n’avait fait qu’ajouter à l’admiration que je vouais déjà au personnage – mais aujourd’hui, alors que je suis adulte et, depuis quelque temps, intéressée par les rapports qu’entretient l’Homme avec les autres espèces vivantes qui peuplent la planète, certaines étant aussi douées d’intelligence, je me dis que cette aventure qui sonne comme un récit de détente possède une réflexion sous-jacente des plus intéressantes.

La lumière d’Ixo nous emmène hors de Vinéa, sur un satellite glacial sur lequel les Vinéens entreposèrent toute matière dangereuse pour la vie – et là, alors qu’on pensait ce peuple extraterrestre si évolué, notre opinion en prend un coup : eux aussi ont leurs décharges à ciel ouvert et ne savent que faire de matières telles qu’acide corrosif, piles irradiées, etc. Du coup, tout a été placé sur un satellite qui n’est autre qu’une boule de glace sas atmosphère, où il n’y a donc aucun risque pour que les matières entreposées ne se dégradent et ne tuent. Oui mais, de ce satellite normalement dénué de vie part à intervalle régulier, selon un cycle de plusieurs années bien précis, un rayon de lumière. Un mystère que Khâny, Yoko et leurs amis vont s’efforcer de percer. Et, lorsqu’ils arriveront sur Ixo, ils constateront vite une chose : la planète n’est pas aussi déserte qu’on le pensait ! Dans ce nouveau récit, outre le fait que l’on change de décor, on découvre une autre forte tête et son entrevue avec Yoko va faire des étincelles ! Un duo intéressant, qui montre bien le caractère de notre héroïne et sa façon de réagir quand elle rencontre une personne aussi têtue et dotée d’une forte personnalité qu’elle – son personnage s’affine ainsi. L’histoire permet aussi, en plus d’évoquer la question du devenir des déchets dangereux, de poser la question du mysticisme chez les Vinéens. Je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue mais cet épisode permet de redonner aux Vinéens un visage plus humain, puisque eux aussi peuvent se retrouver pris dans une foi aveugle.

On retourne sur Vinéa avec Les Archanges de Vinéa. Les Vinéens, toujours à la recherche des survivants du cataclysme comme de l’Histoire (les Cités restantes s’étaient livrées une guerre meurtrière), partent sur les traces d’un mystère non résolu : des enfants bloqués à l’adolescence. Aidant Khâny à résoudre ce mystère, Yoko, accompagnée de la petite Poky, découvre une cité sous-marine. Une cité gouvernée par une reine des plus autoritaires… nouvelle forte tête face à Yoko dans ce récit qui, pour une fois, ne se déroule ni dans l’espace ni sur « terre » mais sous l’eau ! L’occasion de découvrir la technologie adaptée des Vinéens, quelques bestioles et de nouveaux robots. Dont certains ont un visage très humain… Une histoire sympathique, qui traite aussi l’air de rien de la question de l’embrigadement des enfants dans la guerre.

On le voit, dans ces trois récits de planet opera, l’aventure n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît au premier abord. Roger Leloup en profite pour glisser des pistes de réflexions à ceux qui souhaiteraient s’y intéresser, sans ôter l’émerveillement et le dépaysement de ces trois aventures. Un alliage idéal qui explique, entre autre, pourquoi les aventures de Yoko peuvent parler à tous les publics, quelque soit l’âge ! 🙂 On notera aussi que les rencontres avec de fortes personnalités permettent d’affiner encore le personnage de Yoko.

Intégrale n°4, comprenant les volumes 8, 10 et 13 de la série.
Éditions Dupuis, 163 pages, 2007

summer_star_wars_2

Yoko Tsuno t. 1 : De la Terre à Vinéa, Roger Leloup

Yoko Tsuno : De la Terre à Vinéa, Roger LeloupQuatrième de couverture

Venus d’une planète transformée en enfer par une étoile trop proche, les Vinéens se sont réfugiés dans les entrailles de la Terre, il y a quatre cent mille ans. En leur sein, s’est développée une force maléfique qui rêve de transformer les Humains en esclaves. La puissance des Vinéens est considérable. Yoko Tsuno a une alliée parmi eux. Toutes deux vont tenter d’empêcher les catastrophes qui se préparent. Avec un espoir : partir dans l’espace, à deux millions d’années-lumière de la Terre, à la recherche de Vinéa. Mais a-t-elle survécu au cataclysme ?

Mon avis

Ah ! Yoko Tsuno ! L’héroïne de mon enfance ! 🙂 Si, côté masculin, j’avais l’embarras du choix entre Tintin, Astérix, Lucky Luke et Boule et Bill, côté féminin, c’était Yoko. Yoko, jeune femme d’origine japonaise, électronicienne. Une héroïne qui allie donc connaissances techniques à qualités humanistes, capacités physiques (la demoiselle est ceinture noire d’aïkido) et sensibilité. Une héroïne comme on en faisait peu lorsqu’elle fut créée par Roger Leloup, dans les années 70. Une héroïne qui, pour ma part, est liée à mon enfance et à ma famille – en effet, les albums ont fait le tour de mes soeurs, je crois qu’on possèdes toutes encore tous les albums ou presque, et je suis toujours ravie de voir, à la bibliothèque où je travaille, des mères emprunter les aventures de la plus célèbres des électroniciennes pour leurs petites filles.

Vu ce succès qui dure et l’ancrage de Yoko dans le paysage de la bande dessinée franco-belge, les éditions Dupuis ont rassemblé toutes ses aventures sous forme d’intégrales. Dans chaque intégrale, trois albums sont réunis et non pas par ordre chronologique de parution, mais par arcs narratifs. Que vous connaissiez ou non les aventures de Yoko Tsuno, peu importe que vous préfériez lire dans l’ordre les albums un à un ou les intégrales. Tous les sens se valent et, à mes yeux, les intégrales l’emportent car non seulement un même arc narratif est réuni (alors qu’album par album, ce n’est pas toujours le cas, Yoko vivant parfois une aventure totalement différente avant de renouer avec un autre personnage récurrent), mais le tout est précédé d’un mini dossier où Roger Leloup lui-même s’exprime sur la genèse de telle ou telle aventure, documents de travail à l’appui. Avec à la fin, quelques illustrations pleine page, sous la forme d’un petit portfolio. Sans oublier que ces intégrales sont superbes 🙂

La première rassemble le premier arc narratif vinéen des aventures de Yoko. Vinéen ? Oui, de la planète Vinéa, d’où est originaire Khâny, que Yoko et ses compagnons vont rencontrer lors de leur toute première aventure, Le Trio de l’étrange. Dans cette histoire, on découvre d’abord Vic et Pol, qui seront par la suite les sidekicks de Yoko. Celle-ci n’apparaît qu’au bout de quelques pages mais, très vite, elle se révélera une forte tête et prendra la direction du trio. Vic et Pol, qui travaillent pour la télévision, désirent réaliser une série de reportages en commençant par le mystère d’une eau s’écoulant dans le siphon d’une grotte montagneuse sans que sa résurgence en ait été identifiée. Yoko, qui les a rejoint, est de la partie. Mais l’aventure va rapidement tourner à la science-fiction : sous terre se cachent en effet les Vinéens, peuple extraterrestre humanoïde, à la peau bleue et à la technologie très avancée. Ils sont venus se réfugier en ces lieux voici des milliers d’années, chassés de leur planète par un cataclysme cosmique. Bien vite, Yoko se liera d’amitié avec Khâny, jeune femme qui a été réveillée de son sommeil magnétique des années avant sa jumelle, Poky, désormais petite fille. Au cours de cette aventure, tous auront à faire à un ennemi glaçant, lié à la technologie vinéenne.

L’amitié de Yoko et Khâny est florissante puisque les deux amies se retrouvent ensuite dans le volume 3, La forge de Vulcain. La première aventure mettait Yoko aux prises avec les dérives d’une technologie, celle-ci repose sur la même base à ceci près que c’est l’utilisation de la technologie en elle-même qui menace l’île de la Martinique, toute proche. En effet, dans le but de révéler leur existence aux Terriens et de s’arroger le droit d’y vivre, les Vinéens ont acheminé de la lave sous un bouchon rocheux sous-marin pour le faire remonter, afin d’éviter un combat pour une terre émergée et de démontrer leur puissance. Hélas, un accident s’est produit et une dissidence s’est faite au sein du peuple vinéen : ceux qui cherchent à éviter la catastrophe et ceux qui la désirent, préférant s’emparer de terres déjà occupées par la force des éléments plutôt que d’en produire de nouvelles. L’aide de Yoko et ses amis est donc appelée afin d’éviter la catastrophe.

Suite à ces événements, les Vinéens décident de retourner sur leur planète d’origine et de découvrir ce qu’il en reste, voir d’y revivre si cela est possible. Une aventure à laquelle le trio est convié et qui nous est contée dans Les Trois soleils de Vinéa, originellement le tome 6 de la série. C’est aussi le volume qui lève le voile sur le reste de la famille de Khâny – attention, préparez vos mouchoirs ! – et qui montre, pour la première fois, le trio évoluer dans l’espace et fouler le sol d’une planète étrangère. Un volume passionnant, émouvant même – le peuple vinéen, exilé depuis des milliers d’années, ne retrouve pas sa planète d’origine sans émotion – et où les technologies futuristes (mais crédibles) ont la part belle !

Cette première intégrale est donc l’entrée idéale dans le monde de Yoko. Si Le Trio de l’étrange souffre d’un trait de crayon qui cherche encore son style et frôle la caricature, le dessin s’affine rapidement pour adopter un réalisme des plus agréables. La personnalité de Yoko se dessine dès le premier volume – forte tête mais aussi humaniste, jamais elle ne cherche à tuer et, si un méchant périt, il lui arrive de le pleurer – et c’est un plaisir de voir évoluer une héroïne alliant ses qualités.

Une BD devenue un classique, à recommander à tous, de 7 à 77 ans ! 🙂

Intégrale n°1, comprenant les volumes 1, 3 et 6 de la série.
Éditions Dupuis, 164 pages, 2006

Pour aller plus loin

Challenge de lecture : Halloween

Non contente de participer à des challenges de lecture, je lance à présent le mien – encore que le thème ne soit pas des plus originaux ^^ ». Le 23 septembre prochain aura lieu l’équinoxe d’automne. Et quelle fête marque cette saison, prélude à l’hiver ? Le nouvel an celte, plus connu sous le nom de Samhain et, de nos jours, sous le terme d’Halloween ! Vu la période, quoi de mieux qu’un challenge de lecture pour préparer cette célébration (quelle que soit la façon dont on la fête) ?

Les règles sont simples : lire des ouvrages reliés à la thématique. Vous avez plusieurs possibilités :

– les ouvrages traitant de la fête en question (Halloween ou Samhain), par ex. Halloween de J.-B. Monge, E. Ferronnière et P. Jézéquel

– les ouvrages dont l’intrigue est liée à la fête ou se déroule pendant, par ex. Halloween : les citrouilles de l’horreur, anthologie dirigée par S. Bourgoin ou Le crime d’Halloween d’Agatha Christie

– les ouvrages qui font la part belle au folklore terrifique moderne lié à Halloween (fantômes, sorcières, etc) et/ou qui appartiennent au genre horrifique

L’embarras du choix, donc ! 🙂

Pour chaque ouvrage chroniqué (oui, BDs et mangas sont des ouvrages, ne vous privez pas ;)), merci d’indiquer le logo du challenge ainsi qu’un lien vers ce billet. Pour vous inscrire et signaler vos chroniques, c’est en commentaire de ce billet 🙂 À noter que les participants pourront peut-être remporter quelques livres d’horreur tirés de ma bibliothèque personnelle – je posterai la liste des ouvrages en jeu lors du bilan de mi-étape, le 15 octobre.

Le challenge commencera le 23 septembre et s’achèvera le 3 novembre.

Bonnes lectures à vous et surtout… frissonnez bien !

challenge_lecture_halloween

Rachel Morgan t. 1 : Sorcière pour l’échafaud, Kim Harrison

Quatrième Rachel Morgan 1, Kim Harrisonde couverture

Rachel Morgan est une jeune femme comme les autres… mais il ne faut pas se fier aux apparences : c’est une sorcière ! Après sept ans passés à chasser les criminels qui se cachent parmi les créatures de la nuit, Rachel démissionne et lance sa propre agence.

Le seul problème, c’est que personne n’est censé quitter cette police très spéciale, et Rachel est aussitôt traquée par des tueurs munis d’un bel assortiment de malédictions bien vicieuses. Le seul moyen de s’en sortir ? S’associer avec une vampire envoûtante et pour le moins inquiétante…

Mon avis

Comme je l’avais dit lors d’un précédent avis de lecture, la bit-lit, j’ai du mal. Les différentes quatrièmes de couverture que je parcours ne me tentent guère et si j’ai eu de bonnes surprises, j’ai aussi eu des confirmations de ma répulsion envers ce genre. Cependant, les bonnes lectures m’ont donné envie de m’accrocher et de fouiner à la recherche d’autres romans qui me parleraient. C’est ainsi que je suis tombée sur les aventures de Rachel Morgan et, après avoir refermé ce premier tome (un petit pavé en poche), je dois dire que j’ai aussitôt mis la main sur le second. Conquise ? Et comment ! 🙂

On suit donc Rachel Morgan, sorcière de son état qui travaille pour le SO – le Service de Sécurité de l’Outremonde. Mais la jeune femme a la poisse : elle récupère des affaires peu intéressantes et de surcroît, son équipier Jenks, pixie de son état, n’a pas sa langue dans sa poche. La jeune femme finit par lâcher son job, entraînant avec elle Ivy, une vampire non-pratiquante (c’est-à-dire qu’elle refuse de se sustenter d’humains – non elle ne brille pas de mille feux au soleil ! Vous vous trompez de roman ! ;)). Or, personne ne démissionne du SO. Rachel se retrouve donc avec un contrat sur la tête et des tas de personnes vouées à l’assassiner pour remporter le pactole. À moins qu’elle ne règle le dit-contrat mais pour cela, il lui faut une affaire juteuse… et quoi de plus juteux que d’enquêter sur le mystérieux Trent Kalamack, dont personne à l’heure actuelle n’a pu déterminer s’il s’agissait d’un humain ou d’un Outre ? (nom donné aux créatures surnaturelles, telles les pixies, vampires et sorcières).

Voilà pour le pitch. Concernant le monde mis en place par Kim Harrison et dans lequel évolue nos personnages, il est similaire au nôtre à ceci près que, lors des avancées des recherches sur l’ADN, un accident génétique (et viral) a provoqué un changement conséquent. C’est le Tournant. Je n’en dis pas plus, car découvrir cet épisode de l’histoire de cet univers alternatif est l’un des passages les plus chouettes de ce roman ! 🙂 Tout ce que je dirais, c’est que c’est à la fois crédible et absurde, un mélange détonnant qui correspond bien au ton de l’histoire, d’ailleurs.

Oui, le récit est empreint d’un certain humour, un ton de second degré qui fait du bien et qui est sans doute du au fait que Rachel est la narratrice de l’histoire. Rachel est attachante, par cet humour, sa propension à se fourrer dans des situations catastrophiques et sa ténacité. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : de l’envoûtante mais dangereuse Ivy à l’agaçant Jenks, qu’on finit pourtant par bien aimer, on a vite fait de s’attacher au trio et de suivre leurs péripéties avec intérêt. Oui, le roman est un petit pavé mais les pages se tournent toutes seules tant le récit sait se faire accrocheur !

Ajoutez à cela que la romance n’est pas le sujet principal de l’intrigue (je la devine pour plus tard, vu l’arrivée d’un certain personnage, mais elle est totalement absente de ce premier volume), qu’on est plus dans un récit d’action et d’enquête, avec des personnages fouillés, et vous obtenez un roman qui, pour ma part, m’a rappelé le ton de la série Buffy The Vampire Slayer (bien sûr, les deux histoires n’ont rien à voir sur le fond). Et puis, avec des titres qui jouent sur les western spaghettis (surtout dans les tomes suivants), on ne peut pas dire que l’on est trompé sur la marchandise : il y a du suspense, de l’action, et de l’humour à revendre là-dedans !

En bref, je pense avoir trouvé là une série de romans bit-lit que je vais poursuivre avec plaisir – en tout cas j’ai adoré ce premier volume ! 🙂 Seul hic : l’éditeur en a cessé la parution au volume 5 alors que, en VO, Rachel Morgan en est déjà à sa 13e aventure – la 13e marquant le final. Et il s’agit bel et bien d’une série, le premier volume terminant un arc narratif mais en laissant un autre (et pas des moindres) ouvert. Si, pour ma part, mon niveau d’anglais est suffisant pour poursuivre ensuite en VO (même si ça m’agace d’avance de me dire que j’aurai une série dépareillée, d’autant plus que les couvertures de l’édition française sont, à mon goût, plus jolies que celles de l’édition VO), ce n’est pas forcément le cas de tout le monde.

Dommage, donc, car vu ce premier tome, Rachel Morgan est vraiment une série de bit-lit fort sympathique et originale.

Éditions Milady, 572 pages, 2011

Cette lecture s’inscrit dans les challenges Je suis éclectique du forum Mort-Sûre, catégorie Bit-Lit, et SFFF au féminin du Dragon galactique.

challenge_SFFF_au_feminin

challenge_jesuiseclectique

Philoséries : Buffy, Tueuse de vampires, Sylvie Allouche et Sandra Laugier (dir.)

Quatrième de couverture

Entre Twin Peaks ou The Wire, plus récemment Breaking Bad ou Game of Thrones… en quelques décennies, les États-Unis ont révolutionné le genre de la série télévisée par la qualité de leur production, laquelle a suscité un important travail d’analyse dans le monde anglo-américain. La parution du premier ouvrage français consacré à la série pionnière Buffy contre les vampires (1997-2003) constitue à ce titre un jalon important dans un pays qui accuse encore du retard pour ce qui est de la recherche sur les médias et la culture populaire.
Buffy est en effet particulièrement emblématique, par sa qualité d’écriture et son intérêt philosophique, des ambitions théoriques dont sont capables les séries.
C’est ce que vise à montrer cet ouvrage riche des contributions de disciplines variées : philosophie, mais aussi anthropologie, littérature comparée, psychanalyse et sociologie.

Mon avis

Photographie personnelle

Ah ! Buffy The Vampire Slayer ! Ou Buffy contre les vampires en VF, telle que je l’ai découverte durant mes jeunes années, lorsqu’elle était diffusée dans le cadre de la Trilogie du samedi aux côtés d’autres bonnes séries. Et puis, bien plus tard, j’ai visionné la série en VO (nettement mieux ! La traduction laisse franchement à désirer, et comme l’un des ingrédients phares de la série sont ses dialogues…), en long, en large, en travers… Buffy, c’est ma série culte, celle que j’ai vu en intégralité plus d’une fois (je ne compte même plus). Celle que je revois encore et encore avec autant de plaisir. Alors quand j’ai su que Bragelonne sortait un essai sur le sujet, j’ai foncé.

Et je n’ai pas regretté ! 🙂 Jugez plutôt : j’ai englouti le livre en quelques jours. Mais d’abord, petit rappel sur la recette du succès de la série, qui a duré 7 saisons. Elle se poursuit en comics (saison 9 en cours), mais j’ai laissé tomber en cours de route ce format, échaudée par des retours plus qu’improbables de personnages censés disparus pour de bon et une incohérence de taille que Joss Whedon a lui-même reconnu (pour info, c’est lui le papa de Buffy, ainsi que d’une autre super série qui a – hélas ! – connu une durée de vie bien plus brève et c’en est très dommage, j’ai nommé Firefly).

Bref ! Je disais donc, rappel du succès de la série : de l’humour (les dialogues sont sa-vou-reux ! 🙂 ), des effets spéciaux kitschouilles volontairement (la série ne se prend pas au sérieux), une héroïne forte (à l’époque, voir une fille dérouiller du méchant, ce n’était pas courant), des personnages aussi fouillés qu’attachants et vraisemblables (et bien campés !) et surtout un aperçu métaphorique de l’adolescence  tellement vrai qu’il parle véritablement à son public. Et ce, quelque soit son âge : même maintenant, la série continue à me toucher, ne serait-ce que parce qu’au fil des 7 saisons, les personnages grandissent et mûrissent, passant progressivement de l’adolescence à l’âge adulte.

Et, donc, voilà un essai qui s’attache à creuser davantage encore dans les richesses que contient cette série. Un essai accessible même aux non-spécialistes de la philosophie, sociologie, psychologie, etc, par contre, mieux vaut avoir une bonne connaissance de la série – cela dit, je pense que seuls les aficionados liront l’ouvrage. Qu’ils foncent sans souci : l’ouvrage est vraiment passionnant ! 🙂

Après de courts articles qui exposent en quoi Buffy est une série bien plus profonde et complexe qu’il n’y paraît et comment elle a réunit les ingrédients nécessaire pour en faire une série-culte pour adolescents, on rentre ensuite dans une deuxième partie plus approfondie. Composée de trois longs articles, qui chacun se basent sur un épisode bien précis pour l’analyser avant de partir sur un champ de réflexion plus vaste, cette seconde partie témoigne à elle seule de la richesse de Buffy. Je pensais avoir une analyse personnelle plutôt bien poussée, ayant lu divers articles sur le sujet, mais ces trois analyses m’ont prouvé qu’il y avait encore beaucoup à découvrir concernant ma série préférée ! Je n’en dis pas plus pour ne pas vous ruiner la découverte, mais cette deuxième partie, après une première plutôt frustrante car reprenant des éléments que je connaissais déjà, vaut à elle seule la lecture de ce livre. On y découvre les épisodes Sans défense (Helpless, saison 3, épisode 12), Cohabitation difficile (Living Conditions, saison 4, épisode 2) et Un silence de mort (Hush, saison 4, épisode 10) sous un angle totalement nouveau. C’est à tel point qu’une fois terminée ma lecture de ces articles passionnants, je me suis demandé combien d’autres pistes toutes aussi passionnantes pouvaient être explorées, dans d’autres épisodes ?

Suit ensuite une troisième partie où sont évoquées la sexualité dans la série (loin d’être racoleur, cet article met en lumière bien des choses concernant les personnages et le fait que la série parle autant à son public) et la mythologie que Buffy s’est créée, le Buffyverse. Deux articles eux aussi très intéressants, qui concluent bien l’ouvrage – cependant, j’aurai aimé que le dernier article soit un peu plus développé, ou tout du moins se termine moins abruptement.

Gros coup de coeur, donc, pour cet essai qui traite bien d’une série-culte ! Je n’aurai que deux bémols à souligner. Le premier, c’est que, justement, c’est si passionnant et j’ai appris tant de choses que j’aurai aimé qu’il y en ait plus ! 🙂 La seconde partie m’a vraiment épatée et s’il avait été possible de faire des analyses d’autres épisodes de la même manière, ç’aurait été génial ! (ç’aurait aussi été un pavé ^^ »). Donc, bon, petit bémol en l’occurrence ^^ L’autre – plus sérieux – c’est le prix. 32 euros pour 210 pages, même si plusieurs auteurs sont au sommaire, ça fait mal au porte-monnaie. Heureusement que la qualité est au rendez-vous, sinon, il y aurait eu de quoi grincer des dents.

En tout cas, même si ce seul essai est loin de faire le tour de tout ce qu’on pourrait dire au sujet de la série télévisée, il offre aux fans francophones de biens intéressantes analyses et la preuve, s’il y en avait encore besoin, que Buffy The Vampire Slayer n’est pas devenue une série-culte à partir de rien. Elle possède d’innombrables qualités et cet essai en offre un bon aperçu ! Un livre à offrir à ou se faire offrir à tous les fans de la série 🙂

Éditions Bragelonne, 210 pages, 2014

Et pour la séquence nostalgie, voici le générique de la saison 1, avec la qualité d’image qui va avec le souvenir – enjoy ! 🙂