Bilan du Cold Winter Challenge

Un mois après la fin du challenge, il serait temps de faire le bilan ! 😅 J’avais prévu une PAL de 12 lectures, mais je devais déjà me douter que j’étais trop gourmande puisque je visais l’objectif Flocon de neige, soit valider 2 sous-catégories dans 2 menus au choix (4 lectures minimum, donc).

Ai-je réussi ce modeste objectif ? Respecté ma PAL ? Voyons voir tout cela en détails.

Les coups de coeur :

J’ai eu la chance de lire ce roman en avant-première, en fin d’année dernière (il est paru en février) et cette lecture a été mon dernier coup de coeur 2022. Et quel coup de coeur ! J’ai tout simplement été envoûtée par la plume de Anouck Faure, qui nous livre là un roman de fantasy gothique absolument magistral !

Second volume de sa Trilogie d’une nuit d’hiver, dont j’avais lu le premier volet au cours du CWC de l’année précédente, et une suite à la hauteur ! J’ai adoré cette revisite des contes russes.

Fin de la trilogie, et quelle fin ! J’ai rarement été aussi transportée et émue, entre sourires et larmes, par un récit. Vraiment une trilogie excellente de bout en bout, de tome en tome !

Ayant été enchantée par la revisite hivernale des contes russes de Katherine Arden, j’ai voulu rester dans une ambiance similaire et me suis donc lancée dans une relecture de Deathless de Catherynne Valente, qui avait été un coup de coeur à ma première lecture, il y a près d’une dizaine d’années de cela. L’enchantement fut intact à cette relecture, bien que mon regard ait changé, et j’ai ainsi ajouté mes nouvelles impressions au billet de blog que j’avais rédigé à l’époque.

Les presque coups de coeur

Ma première lecture du CWC fut une sortie de PAL avec cette revisite de Peter Pan par Cameron Valciano. Je n’aime pas le dessin animé Disney et n’ai pas lu le roman, et pourtant j’ai été emportée par la plume de l’autrice, et émue par les réflexions sur l’âge adulte que son roman transporte, réflexions qui ont de surcroît résonné avec ce que je traversais à ce moment-là. Une réécriture qui m’a marquée !

Première lecture de l’année 2023 et une lecture doudou : une réécriture de deux contes dans un contexte SF léger, avec des personnages liés par un fort et tendre lien sororal, un soupçon de romance et une réflexion sous-jacente intéressante, le tout a été pour moi une lecture agréable au cours d’une période où j’étais très fatiguée (ce début d’année a été très chargé pour moi sur le plan professionnel).

Les contes illustrés qui sont un régal pour les yeux :

Ce début d’année 2023 ayant été placé sous le signe de l’épuisement (j’ai aussi eu le vilain virus, après 3 ans à y échapper), mon rythme de lecture en a pâti, car je pouvais à peine lire un chapitre sans piquer du nez dessus. Je me suis donc tournée vers des contes illustrés !

Une nouvelle de Neil Gaiman qui reprend le conte Blanche-Neige sous un angle particulièrement sombre, magnifiquement illustré. Pour public averti !

J’ai redécouvert ce conte que je connaissais pourtant par coeur grâce aux superbes illustrations d’Aliocha Gouverneur, qui lui apportent une dimension nouvelle.

La lecture doudou intemporelle :

Qui dit fêtes de fin d’année dit pour moi revisionnage de films doudous, qui sont Les quatre filles du docteur March et Les filles du docteur March. Cette année, j’y ai ajouté la relecture du roman dans le magnifique écrin des éditions Tibert, illustré par Nathalie Novi. Je ne l’ai pas encore chroniqué sur le blog, faute de temps et d’énergie, mais si vous aimez ce classique de la littérature jeunesse, sachez que cette édition le met fort bien en valeur !

La semi-lecture :

  • Les saisons de l’étrange : épisodes de Noël

Je n’ai lu que les nouvelles concernant les séries que je suis. Mais, mis à part celle de Nelly Chadour, sise dans l’univers de son Hante-Voltige (une suite est en préparation, que j’ai hâte de découvrir !) et qui m’a beaucoup plu, les autres m’ont laissé un ressenti mitigé. À vrai dire, à l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais même plus de quoi ça parlait. C’est dire…

L’abandon :

Je me réjouissais de lire la romance de Noël de Myrtille Bastard, Un chat, deux sapins et beaucoup de complications ! car j’avais beaucoup aimé sa romance paranormale Loba. Hélas, cette fois la sauce n’a pas pris et j’ai abandonné l’ouvrage à mi-parcours… En cause ? D’une part, l’absence d’ambiance de fêtes – on approche de Noël seulement vers la moitié. D’autre part, je pense que le roman a souffert d’être lu peu après l’anthologie érotique Diluées, qui m’avait sortie de ma zone de confort (je ne lis pas d’érotisme, habituellement). Or, Un chat, deux sapins et beaucoup de complications démarre sur un coup d’un soir et on a régulièrement droit soit à des flash-backs de cette fameuse nuit torride, soit à d’autres scènes torrides. C’était beaucoup trop pour moi.

En résumé, 9 lectures, 1 demi-lecture et 1 abandon. Hormis ces deux derniers, les 9 lectures furent toutes excellentes, aussi je dirais que cette édition du CWC fut un bon cru ! 🙂

La reine des neiges, Hans Christian Andersen et Aliocha Gouverneur

Quatrième de couverture

Il y a longtemps, le Diable a créé un miroir terrible faisant rejaillir le pire de chacun. Un jour, il se brise en mille morceaux qui se répandent à travers le monde. Le jeune Kay, touché par un éclat dans l’oeil, devient insensible et mauvais, et délaisse son amie Gerda pour rejoindre la glaçante Reine des neiges. Mais Gerda est courageuse et n’a pas l’intention de l’abandonner : elle fera tout pour le retrouver…

Mon avis

Pour ma dernière lecture du Cold Winter Challenge, je me suis replongée dans une relecture du conte La reine des neiges de Hans Christian Andersen. Relecture, ou plutôt redécouverte, puisque bien que je connaissais le conte pour l’avoir lu dans diverses éditions, ici je le lisais pour la première fois dans le bel écrin illustré par Aliocha Gouverneur !

Vous connaissez sans doute l’histoire du célèbre conteur danois : Kay et Gerda, enfants à l’amitié indestructible, jusqu’à ce que des éclats de miroir du diable viennent se loger dans le coeur et l’oeil de Kay. Kay, emporté ensuite par la glaciale Reine des neiges. Et Gerda de se lancer à son secours, bravant tous les dangers, rencontrant corneilles, fille de brigands, renne, et bien d’autres sur son chemin.

Les illustrations d’Aliocha Gouverneur font toute la beauté de cet ouvrage. Pleine page, parfois s’étalant sur une double page, elles possèdent une touche slave qui accentue le côté polaire de la quête de Gerda.


Les frises me rappelaient aussi l’Art Nouveau. Quant aux têtes de chapitres, elles sont abondamment illustrées par des motifs répétés, dont les variations et les couleurs me ravissaient. L’ensemble est un vrai régal pour les yeux, sublimant le texte intemporel de Hans Christian Andersen.

Cette lecture fut donc un réel émerveillement ! Mots et images se répondaient parfaitement, la patte unique d’Aliocha Gouverneur s’appropriant fort bien, de façon picturale, les éléments du conte. Quant au conte, le relire dans cet écrin fut comme une redécouverte, alors que je m’en souvenais pourtant dans le détail !

Menu Yule, catégorie Reine des neiges

Éditions Albin Michel Jeunesse, 2022, 83 pages

Snow, Glass, Apples, Neil Gaiman et Colleen Doran

Quatrième de couverture

A not-so-evil queen is terrified of her monstrous stepdaughter and determined to repel this creature and save her kingdom from a world where happy endings aren’t so happily ever after.

Mon avis

En attendant la sortie prochaine de ma revisite de la Reine-Sorcière (la fameuse Méchante Reine de Blanche-Neige), j’ai enfin plongé dans celle de Neil Gaiman, illustrée par Colleen Doran. À l’origine une nouvelle au sommaire du recueil Miroirs et fumées, Snow, Glass, Apples est ici présentée sous la forme d’un roman graphique.

J’ai longtemps hésité avant de craquer, car je savais qu’il s’agissait d’une revisite très sombre de Blanche-Neige. Un ami l’ayant lu m’avait même avoué qu’il en avait frissonné, et il est bien moins sensible que moi ! Mais j’ai fini par me laisser tenter, d’autant que j’adore le style de Colleen Doran !

Côté forme, cette adaptation graphique de la nouvelle de Neil Gaiman est de toute beauté – les dernières pages comportent d’ailleurs des esquisses et explications de l’artiste quant à ses choix et influences. J’ai adoré le rappel aux mouvements Arts & Crafts et Art Nouveau (ce sont mes mouvements artistiques préférés, avec le Préraphaélisme). Colleen Doran revendique un hommage à Henry Clarke, son style dans ce roman graphique me rappelait aussi celui de Kay Nielsen (qui a illustré des contes) ainsi que celui d’un vieil album de La Belle au Bois Dormant qui me suit depuis l’enfance.

Parlons à présent du fond ! Neil Gaiman nous narre le conte du point de vue de la Reine-Sorcière, qui se place ici comme un personnage certes ambigu, mais solaire, à l’opposé de Blanche-Neige, véritable monstre. Une revisite vampirique qui n’est pas nouvelle : Tanith Lee l’avait déjà fait avec la nouvelle Rouge comme le sang (Red as Blood), que je vous recommande. Mais là où Tanith Lee terminait son texte sur une note lumineuse, avec un prince dans la figure d’un sauveur, Neil Gaiman opte pour l’interprétation littérale de l’horreur suggérée dans le conte. Dans son texte, le prince est nécrophile, et forme donc un pendant pervers au monstre qu’est Blanche-Neige.

Plusieurs scènes érotiques parsèment le texte, certaines lumineuses, d’autres pas du tout, selon qu’elles mettent en scène la Reine ou Blanche-Neige. Cependant, je dois dire que, bien que le roman graphique s’adresse à un public averti du fait des scènes érotiques ou violentes comme de la noirceur des thématiques, il reste abordable. Ce n’est pas aussi trash que je l’avais crains.

Si j’ai apprécié cette revisite très sombre du conte, je suis cependant restée frustrée par le fait que l’histoire n’est qu’effleurée, au lieu de creuser davantage les thèmes abordés, une frustration sans doute due au format court du texte originel. Par ailleurs, j’ai trouvé qu’elle tirait parfois trop sur la corde de l’érotisme sanglant, comme pour choquer inutilement.

Cela reste malgré tout une revisite intéressante du conte, quoique très sombre, où l’image magnifie le texte, ce que ne détrompent pas les nombreux prix reçus par l’ouvrage !

À réserver pour un public averti, toutefois.

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du Cold Winter Challenge, menu Hiver sombre, catégorie Nuit du solstice.

Éditions Headline, 2019

L’hiver de la sorcière, Katherine Arden

Quatrième de couverture

Moscou se relève difficilement d’un terrible incendie. Le grand-prince est fou de rage et les habitants exigent des explications. Ils cherchent, surtout, quelqu’un sur qui rejeter la faute. Vassia, avec ses étranges pouvoirs, fait une coupable idéale. Parviendra-t-elle à échapper à la fureur populaire, aiguillonnée par père Konstantin ? Saura-t-elle prévenir les conflits qui s’annoncent ? Arrivera-t-elle à réconcilier le monde des humains et celui des créatures magiques ? Les défis qui attendent la jeune fille sont nombreux, d’autant qu’une autre menace, bien plus inquiétante, se profile aux frontières de la Rus’.

Mon avis

Après avoir adoré les deux premiers volumes, voici mon retour sur le tome final de la trilogie de Katherine Arden – et quel final !

Toutes les intrigues mises en place depuis le début trouvent ici leur conclusion, et de façon magistrale ! Vassia poursuit son évolution, traverse des épreuves éprouvantes, avant d’embrasser pleinement sa nature. La Russie vit un événement-clé de son Histoire. Et le peuple féerique est toujours là, dans l’ombre, à commencer par l’Ours et ses manigances, comme le Morozko, le roi de l’hiver.

Les thèmes abordés dans les précédents volumes sont repris, mais pour être poussés plus loin : la place de la femme dans la société russe d’alors ; la cohabitation entre croyances traditionnelles, païennes et religion chrétienne orthodoxe ; les liens fraternels… Rien n’est oublié, tout trouve sa conclusion. Il se passe énormément de choses, et pourtant on n’est pas perdu. Le dernier quart du livre a été pour moi une source d’émerveillement complet : j’ai souri, j’ai fait « wouah ! » devant la façon dont toutes les pièces s’emboîtaient en un « clic » satisfaisant, j’ai pleuré.

Car c’est toute la force de ce volume que de ne pas épargner le lecteur ; il vibre d’émotions et d’action, la portée des événements est palpable. Les personnages sont emportés par les remous de l’Histoire comme leurs drames personnels, et on est emportés avec eux. Le roman transporte aussi tout l’esprit du folklore féerique et des contes, avec sa morale propre, ses épreuves magiques et ses énigmes – Vassia devra apprendre, par elle-même, la signification de certains conseils. Ce tome, encore plus que les précédents qui l’étaient pourtant déjà, est infusé de l’Histoire et de la culture russes.

Les notes, à la fin, achèvent de souligner la profondeur de ce livre. Un tome final magistral et, si les précédents volumes avaient été chacun des coups de coeur, celui-ci se hisse encore au-dessus, si cela était possible ! Une trilogie que je vous recommande absolument !

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du Cold Winter Challenge, menu Magie de Noël, catégorie Un chant de Noël.

Retrouvez aussi les avis de Zoé prend la plume, Maven Litterae et Kiriiti’s Blog

Éditions FolioSF, 2021, 562 pages

Les annales du Disque-Monde : Procrastination, Terry Pratchett

Quatrième de couverture

Le temps est une ressource qu’il faut gérer, chacun le sait.

Sur le Disque-monde, c’est le boulot des moines de l’Histoire, qui l’emmagasinent, le prélèvent où on le gaspille (par exemple sous la mer : de combien de temps a besoin une morue ?) et le redistribuent à de gros consommateurs comme les villes où l’on en manque toujours.

Mais la fabrication de la première horloge du monde vraiment précise donne le départ d’une course contre… disons la montre pour Lou-tsé et son apprenti Lobsang. Parce qu’elle va arrêter le temps. Et ce ne sera que le début des ennuis.

Procrastination (voir dictionnaire) s’est assuré la participation de héros et de canailles, de yétis, d’artistes martiaux et de Ronnie, le cinquième cavalier de l’Apocalypse (qui a quitté le groupe avant qu’il devienne célèbre).

Mon avis

Cela faisait longtemps que je n’avais pas remis le nez dans les Annales du Disque-Monde de Sir Terry
Pratchett. Si j’en ai déjà lu plusieurs, il m’en reste encore beaucoup à découvrir. Et, en ce début d’année, j’ai jeté mon dévolu sur Procrastination !

Un choix qui n’a pas été une bonne idée ! Janvier fut en effet un mois chargé sur le plan professionnel dans sa première moitié, puis j’ai eu le Covid dans la seconde et ça a été assez costaud pour me mettre HS plusieurs jours. Résultat, j’ai eu du mal à rentrer dans le récit, qui fourmille de personnages, comme dans son concept. Procrastination parle en effet du Temps ainsi que du rapport au Temps.

Nous suivons ainsi Jérémie, un horloger littéralement obsédé par les horloges, qui se voit contacté par une mystérieuse Dame Ligion. Celle-ci lui commande un horloge précise – précise, c’est-à-dire qu’elle donnerait l’heure véritable. Or, la seule fois dans l’Histoire où cela a pu être possible n’est resté gravé que dans les contes de fées. Car une telle horloge causerait la destruction de l’Univers… Nous suivons aussi Lobsang, ancien voleur devenu moine du temps, nouvel apprenti de Lou-Tsé, le balayeur que tout le monde paraît craindre et respecter. Mais aussi Suzanne, petite-fille de la Mort et institutrice aux méthodes peu conventionnelles mais efficaces. Ajoutez-y aussi l’apparition des Cavaliers de l’Apocalypse – dont un oublié – et de Nounou Ogg (j’étais contente de la recroiser !), d’un Igor, des Contrôleurs…

On saute de l’un à l’autre, puis, petit à petit, les fils d’intrigues prennent sens, se croisent, se nouent, et quand tout ce petit monde aboutit au même endroit, c’est pour le grand final qui est aussi explosif que sucré !

Procrastination est un opus plutôt dense et philosophique, et je n’avais clairement ni les neurones ni l’énergie pour en savourer toutes les subtilités. Pourtant, quand les événements se précipitent, j’étais bien accrochée, et cela reste du Terry Pratchett, donc du génie, avec des réflexions savoureuses, de l’humour, un récit à plusieurs couches. Que ce soit la thématique du Temps, de l’usage qu’on en fait, mais aussi la spiritualité, la façon dont les contes peuvent receler une part d’Histoire, ou encore le fait que l’Histoire peut varier selon qui la rapporte, et bien d’autres sujets, abordés plus ou moins frontalement ! Mais la fatigue m’a empêchée d’en apprécier pleinement tout le potentiel.

Si vous n’avez encore jamais lu les Annales du Disque-Monde, ce n’est donc pas le volume par lequel je vous conseillerai de commencer. Il garde pourtant les qualités intrinsèques à la série – une réflexion sous-jacente sur des thèmes modernes et/ou universels, sous couvert d’un univers absurde – j’ai quand même bien ri, surtout vers la fin, avec cette déchéance chocolatée ! Et j’ai bien aimé le concept de ces moines du Temps, armés de leurs procrastinateurs !

Éditions L’Atalante, 414 pages, 2005

Retrouvez l’avis du Laird Fumble, qui propose une belle analyse de ce volume.