La Papeterie Tsubaki, Ito Ogawa

Quatrième de couverture

Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l’art difficile d’écrire pour les autres.
Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l’encre, l’enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de vœux, rédige un mot de condoléances pour le décès d’un singe, des lettres d’adieu aussi bien que d’amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin.
Et c’est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre des réconciliations inattendues.

Mon avis

J’avais été ravie par Le restaurant de l’amour retrouvé de Ito Ogawa, un court roman lu au cours d’un trajet en train et qui, contrairement à ce que son titre pouvait indiquer, n’avait rien à voir avec un roman d’amour. C’était une histoire de réconciliation familiale et, avant tout, une histoire autour de prendre le temps. Le temps de recueillir avec soin ses ingrédients, le temps de cuisiner, le temps de manger. Alors, quand j’ai vu que la même autrice publiait en France un roman autour de l’écriture, des lettres, pensez donc ! J’ai sauté dessus ! 🙂

La Papeterie Tsubaki est un roman plus conséquent que Le restaurant de l’amour retrouvé. Je ne l’ai pas lu en un seul trajet en train mais sur plusieurs semaines, par petits bouts. J’ai volontairement fait durer le plaisir, ne lisant que quelques pages à chaque fois. Nous suivons Hatoko, dite Poppo, qui reprend l’établissement de sa grand-mère après son décès. Comme sa grand-mère, Poppo s’installe aussi en tant qu’écrivain public. Outre la clientèle venue chercher papiers et autres accessoires, différentes personnes pousseront sa porte pour lui demander d’écrire une lettre en leur nom.

C’est là que, pour la lectrice occidentale que je suis, j’ai pu découvrir tout l’art japonais de recevoir comme d’écrire. Poppo prend un grand soin à accueillir ses clients, afin qu’ils soient dans les meilleures dispositions et puissent formuler clairement et sereinement leur demande. Elle accepte les commandes sans juger, même lorsqu’elles semblent farfelues, telle ce mot de condoléances suite à la mort d’un singe familier. Pour chaque commande, Poppo s’applique. Rien n’est fait au hasard, rien ! Choix du papier pour la lettre, choix de l’encre, choix de l’enveloppe et même choix du timbre, tout est soigneusement sélectionné, pesé, car chaque élément de la lettre, même en dehors des caractères calligraphiés, participe au message envoyé. Inutile de dire que, pour la passionnée d’écriture que je suis, tous ces détails m’ont absolument ravie ! 🙂

À l’instar de son précédent roman, Ito Ogawa nous parle aussi du temps de vivre. Poppo mène une vie tranquille, en dehors de sa papeterie. Elle n’a plus de famille mais a quelques amis, dont sa voisine. Elle les rencontre parfois mais, souvent, elle part seule se promener en ville et y manger. C’est l’occasion pour le lecteur de la suivre dans son quotidien, une vie bien réglée mais surtout une vie où Poppo prend le temps. Le temps de marcher, le temps de savourer l’air ambiant quelque soit la saison, le temps de déguster son plat et partager avec nous chaque saveur.

Petit à petit, le voile se lèvera sur l’histoire familiale de Poppo. Petit à petit, au fil des commandes, la jeune femme évoluera. Tout en délicatesse, et non pas en grandes enjambées. Nous restons dans un roman plein de retenue, de douceur.

La Papeterie Tsubaki était ma bouffée de douceur littéraire de la journée, une véritable ode à profiter de chaque instant, sans se presser. Et un très beau message d’amour pour la correspondance comme pour les écrivains publics. L’insertion des lettres rédigées par Poppo est une très bonne idée de l’éditeur : même si on ne comprends pas le japonais, elles apportent du corps au texte, une façon supplémentaire de contempler cet art si subtil et si riche qu’est celui de calligraphier.

Un petit bijou à lire tranquillement ! 🙂

Éditions Picquier, 384 pages, 2018

8 réflexions sur « La Papeterie Tsubaki, Ito Ogawa »

  1. Ce livre n’est que douceur ! J’ai très bien commencé l’année grâce à « La papeterie Tsubaki » 😊 J’espère découvrir d’autres romans d’Ito Ogawa cette année.

    1. N’est-ce pas ? ^^ Tu peux essayer Le restaurant de l’amour retrouvé, un petit bijou lui aussi mais autour de la nourriture. Et il se lit très vite (assez court)

      1. C’est celui-ci que je compte lire, ainsi que « Le jardin arc-en-ciel » ^^ J’espère que l’amie qui doit me les prêter va vite les récupérer !

  2. Tu n’es pas la première dont je lis un beau retour sur ce titre, il a l’air de poser le charme des choses simples, je suis certaine qu’on y retrouve les concepts japonais dont Florie parle régulièrement sur ses blogs et autres supports.

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