Beauté fatale : les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Mona Chollet

Quatrième de couverture

Soutiens-gorge rembourrés pour fillettes, obsession de la minceur, banalisation de la chirurgie esthétique, prescription insistante du port de la jupe comme symbole de libération : la « tyrannie du look » affirme aujourd’hui son emprise pour imposer la féminité la plus stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires, blogs, séries télévisées, témoignages de mannequins et enquêtes sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries du « complexe mode-beauté » travaillent à maintenir, sur un mode insidieux et séduisant, la logique sexiste au cœur de la sphère culturelle.
Sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un processus d’autodévalorisation qui alimente une anxiété constante au sujet du physique en même temps qu’il condamne les femmes à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un état de subordination permanente. En ce sens, la question du corps pourrait bien constituer la clé d’une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences à celle contre les inégalités au travail.

Mon avis

Cela faisait longtemps que je voulais lire cet essai de Mona Chollet, bien avant même le succès de son livre Sorcières (qui figure aussi dans ma LAL. J’espère que je ne mettrai pas autant de temps à mettre la main dessus que pour Beauté fatale ! ^^ »). Et voilà, ça y est, j’ai enfin pu emprunter l’exemplaire de ma bibliothèque municipale ! 🙂

Après lecture, je dois dire que j’ai la tête encore emplie des nombreux points soulevés par l’autrice, à tel point que je me demande si je ne vais pas aller en librairie, cette fois, pour me procurer la version poche de cet ouvrage et le relire plus lentement et en prenant des notes. Ce n’est pas un bémol à mes yeux, cela signifie que l’ouvrage de Mona Chollet m’invite à creuser les pistes qu’elle ouvre, à réfléchir sur le grain réflexif qu’elle donne à moudre, à aller voir les références citées ou en découvrir d’autres.

Petit aparté : en parlant de version poche, j’espère que la police de caractère de celle-ci sera plus lisible que celle de l’édition que j’ai lue. Il se trouve que j’ai une mauvaise vue et, malgré mes lunettes, j’ai trouvé la police de caractère utilisée dans cette édition peu lisible. Du coup, je fatiguais plus vite durant ma lecture qu’avec d’autres ouvrages, ce qui a sans doute aussi joué sur mon sentiment d’avoir les idées brouillonnes à la fin de ma lecture – des idées fourmillantes mais brouillonnes. Difficile en effet de réfléchir au clair sur les sujets soulevés par l’autrice quand je dois déjà fournir un effort pour décrypter chacune des petites lettres rectilignes !

Mais revenons-en au propos de Mona Chollet, car après tout c’est aussi pour cela que je vous donne mon avis de lecture 🙂 Beauté fatale parle de la presse féminine, du monde de la mode et du système Hollywoodien côté actrices (notons que l’ouvrage date d’avant le mouvement #MeToo), les effets en général du diktat de l’apparence sur les femmes. Beaucoup de sujets sont brassés par ces grandes lignes – marketing genré, créations médiatiques creuses, absence de diversité, hypersexualisation de la femme, son statut d’objet plutôt que sujet, etc, etc.

Tellement de points sont abordés que je serai bien en peine de les résumer dans cette seule chronique. Et pourtant, tous sont intéressants. C’est pourquoi je vous encourage, si ces sujets vous intéresse, à lire Beauté fatale. Il se trouve que, désormais adulte, de surcroît m’intéressant à la condition féminine, cela fait des années que je ne mets plus le nez dans les magazines dits féminins. Mais, adolescente, je suis tombée dedans comme de nombreuses jeunes filles. À cet âge où l’on se construit, où l’on se cherche, j’y voyais de bons conseils, un peu comme ceux que me pourvoyaient mes copines, elles aussi lectrices de ce genre de magazines.

Inutile de dire que c’était une erreur. Comme le montre bien l’essai de Mona Chollet, l’effet de ces lectures sur mon moi adolescente n’a pas du tout eu l’effet escompté. Au lieu de bons conseils, j’y ai trouvé de quoi renforcer mes complexes. Au lieu de réponses, je n’y ai trouvé que de fausses assertions. Il m’a fallu plusieurs années, la maturité, l’expérience, pour comprendre à quels points ces magazines n’étaient que des coquilles sans âme qui faisaient tout sauf du bien. Quant au monde de la mode, ou des vêtements en général, qui n’a jamais galéré à trouver une pièce correspondant à sa morphologie ? Une phrase du livre de Mona Chollet m’a marquée : adapter le vêtement à la femme, et non l’inverse. On en est encore loin…

Beauté fatale explore aussi les ravages l’idéal féminin inatteignable et érigé en modèle auquel se conformer martelé partout par les médias comme la société. L’essai n’oublie pas de présenter les injonctions, totalement contradictoires, auxquelles sont soumises les femmes.

Comme je le disais plus haut, beaucoup de thèmes découlent du point de départ en apparence simple de cet essai. On pourrait regretter que certains points ne soient pas davantage approfondis – comme le chapitre sur la diversité (ou plutôt l’absence de diversité dans l’univers de la mode et dans la presse féminine). Mais Beauté fatale fourmille déjà de tant de thèmes, propose déjà tant d’éclairages intéressants (c’est aussi pour cela que je regrette de n’avoir pas pris de notes durant ma première lecture), qu’il offre, à mes yeux, une bonne lecture de base avant d’aller explorer plus en avant les sujets qui y sont traités.

Pour aller plus loin

Éditions La Découverte, 237 pages, 2012

6 réflexions sur « Beauté fatale : les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Mona Chollet »

  1. Oh, incroyable, je viens justement d’en débuter la lecture ! Je suis certaine que ça va être très gratifiant et que je vais regretter de ne pas l’avoir eu dans les mains 20 / 25 ans plus tôt… En tout cas, je me retrouve dans tes commentaires sur les magazines pour ado, ça m’avait aussi fait du tort, sans parler de la pression sociale qui débute dès le collège et devient intenable au lycée. Et j’ai aussi envoyer bouler les magazines « féminins » une fois adulte, ne m’y retrouvant pas du tout.
    Du coup, on pourra reparler de cette lecture à l’occasion.
    J’ai d’autres essais est dans ma pile à lire depuis un moment, dont « Chez soi », de la même autrice, et j’ai « Sorcières » dans ma wish-list de fin d’année (croisage de doigts pour qu’on me l’offre).
    Il faut vraiment que j’écluse mon stock…

    1. Avec plaisir pour parler de cette lecture à l’occasion ! 🙂
      Tiens, Mona Chollet évoque Chez soi dans Beauté fatale. Tu me diras ce que tu en as pensé. Et je compatis pour le stock de lectures à écluser, même chose ici ! ^^ »

  2. J’ai récemment lu « Sorcières » de l’autrice, et l’ouvrage m’a beaucoup fait réfléchir sur le positionnement actuel de la femme à cause (entre autres) des procès de sorcellerie. C’est comme une évidence une fois qu’on met le nez dessus en fait ! Du coup « Beauté fatale » est dans ma wishlist prioritaire. ^^

    1. Il faudra que je le lise aussi, celui-là ! « Beauté fatale » m’a fait le même effet, ça semble si évident et pourtant, je pense que plus jeune, je n’aurais pas du tout pensé à tout cela ! Et même là, plusieurs paragraphes pointait des choses dont on a confusément conscience sans pour autant mettre le doigt dessus. C’est vraiment une lecture d’utilité publique !

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