Fortune carrée, Joseph Kessel

fortune-carreeQuatrième de couverture

Aventures folles, combats cruels, chevauchées fantastiques, tempêtes en mer Rouge, attaque de pirates… Du Yémen au pays des Issas, deux aventuriers fous de liberté, Igricheff le Russe métissé de Kirghiz et Mordhom le marin breton, captent notre imagination. Ce roman nous fait découvrir et aimer des pays et des hommes aux antipodes de notre monde civilisé.

Mon avis

De Joseph Kessel, je n’avais lu jusque là que Le Lion. J’avais également vu l’adaptation cinématographique des Cavaliers (le livre est depuis en wishlist). Pour démarrer l’été, je me suis plongée dans Fortune carrée – une épopée pleine d’aventures qui nous emmène au Yémen, en Mer Rouge et en Éthiopie-Somalie.

Fortune carrée est un roman d’aventures typique : les personnages principaux sont des hommes aguerris à la vie dans des contrées sauvages et l’intrigue suit les différentes péripéties – plutôt violentes – qui émaillent leur parcours. Ces personnages sont durcis par leur vie pleine de dangers et sans attaches. Si Mordhom laisse transparaître parfois quelques mouvements de coeur, Igricheff tient davantage de la brute (mais il est profondément attaché à son cheval, Chaïtane). Heureusement, nous croiserons la route de Philippe au cours du roman, un jeune Français émerveillé par ces contrées, par ces vies faites d’aventures pures et dures. La naïveté et l’enthousiasme de Philippe apportent une certaine fraîcheur face à Mordhom et Igricheff, les deux aventuriers qui ont déjà bien roulé leurs bosses.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que Mordhom est inspiré de Henri de Monfreid, un aventurier lui aussi auteur de romans d’aventure (c’est justement Kessel qui l’a poussé à écrire) et Igricheff d’un authentique aventurier moscovite, Hakimoff. Kessel, journaliste, a également rédigé son roman après un séjour dans les contrées que les personnages traversent. Cela renforce l’immersion dans l’histoire.

Fortune carrée a été écrit dans les années 30 et cela se ressent : les descriptions des pays traversés comme des autochtones rencontrés possède parfois cette condescendance toute occidentale de l’époque pour ce qui n’était pas considéré comme « civilisé ». Aux yeux d’un lecteur du XXIe siècle, cela peut surprendre, voire même perturber. Heureusement, Joseph Kessel fait aussi montre d’un intérêt passionné pour ces mêmes pays et peuples.

De façon surprenante pour un roman d’un tel genre, le style est très lyrique. Paysages comme personnages, même secondaires, sont dépeints avec une telle emphase et un vocabulaire si riche, si évocateurs, que l’on est sans peine dépaysé. Ces mêmes descriptions sont aussi très vivaces : la traversée du désert de Philippe m’a réellement donné des sensations de soif et de chaleur, comme si je marchais à ses côtés sous ce soleil brûlant.

Entre montagnes et mer, paradis végétal et désert, lire Fortune carrée c’est marcher dans les pas d’Igricheff et de sa monture au sang vif, naviguer aux côtés de Mordhom, cheminer dans la caravane de Philippe. C’est côtoyer des hommes violents mais rompus à une vie rude et libre. Lire Fortune carrée, c’est voyager tout en goûtant un style littéraire certes un peu suranné mais tellement agréable !

Un vrai classique du roman d’aventures, parfait pour les vacances 🙂

Éditions Pocket, 362 pages, 1995

Cette lecture s’inscrit dans le challenge Je suis éclectique (catégorie Classiques) du forum Mort-Sûre.
challenge_jesuiseclectique2016

4 réflexions sur « Fortune carrée, Joseph Kessel »

  1. Je rentre en license de lettres cette année et je dois lire plusieurs livres cet été pour m’y préparer. Fortune carrée en fait parti et j’en suis contente ! Je ne m’attendais pas à l’apprécier mais c’est un récit envoutant. Malheureusement je dois lire vite pour pouvoir respecter mon programme de lecture.
    Votre article est tres intéressant !

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