Diluées, Collectif

Quatrième de couverture

Te souviendras-tu de moi et de tous ces jours où la passion a triomphé ?

J’ai pris toutes les formes et ai voyagé à toutes les époques. J’ai exploré toutes les régions, toutes les silhouettes. Je suis changeant, mobile, fluide et langoureux. Les amours qui m’honorent sont diverses, elles l’ont toujours été.

Laisse-moi te guider au creux de mes souvenirs, prends les formes que j’ai prises, salue les corps que j’ai enlacés. Me suivras-tu à ton tour ? Me rencontreras-tu dans cette vie-là ?

Karine Rennberg, Morgane Stankiewiez, Nadège Da Rocha, Théodore Koshka, Morgan of Glencoe, Jeanne Mariem Corrèze et Cordélia racontent la réincarnation de la sensualité, dans sept nouvelles inédites, écrites les unes à la suite des autres, comme au fil de l’eau, dans un cadavre exquis unique.

Mon avis

Une anthologie de nouvelles érotiques queer et SFFF ? Avec de belles plumes au sommaire ? Malgré le fait que la catégorie érotique n’est pas un genre que je lis beaucoup, j’ai craqué aussitôt. Parce que ce mélange des genres, a fortiori sous un angle non hétérosexuel, ne court pas les rues. Et parce que je voulais découvrir les productions d’auteurices que j’apprécie beaucoup ! 🙂

Comme dit en préambule, l’érotisme, j’en lis très peu, voire pas du tout. Je suis donc sortie de ma zone de confort pour cette lecture, ce qui a sans doute influencé sur mes préférences en matière de texte.

Ereshkigal de Morgane Stankiewiez

Texte d’ouverture, Ereshkigal nous emmène dans un univers cyberpunk, dans une ville située en orbite autour de Titan. Dans ce texte, Morgane Stankiewiez aborde avec finesse la question du lien entre créativité artistique et vie de couple, l’importance d’une relation saine et équilibrée et celle de rester connecté à soi (sans mauvais jeu de mot, vu qu’une interface joue un rôle dans l’histoire !). Au début du texte, Parascève est clairement malheureuse, que ce soit dans son couple avec Solène ou dans sa vie, tout simplement. Jusqu’à ce qu’elle découvre qu’une personne a repris l’une de ses anciennes chansons, à l’époque où elle était musicienne… Une note subtile de mythologie viendra s’ajouter alors au contexte futuriste, au fur et à mesure de la quête de l’héroïne, pour mon plus grand régal. Je n’ose en dire plus pour ne pas trop déflorer l’intrigue, mais ce premier texte m’a beaucoup plu, de par ses thèmes qui m’ont parlé.

Couleur d’écume de Morgan of Glencoe

Après le futur, place aux pirates ! Lorsque Korka, capitaine du Black Queen, recueille Aoife, leur rencontre fait des étincelles en dépit de la barrière de la langue – et celle de la mer, Aoife ayant une terreur sans nom de l’eau, alors qu’elle est toute la vie de Korka. Un très chouette texte, avec des femmes pirates, aussi libres que passionnées, un jeu autour du melting-pot de langues et de nationalités de l’équipage, uni par la même soif d’être libre, d’être soi. Une belle gorgée d’embruns pimentés !

Voeux électriques de Karine Rennberg

L’un de mes textes préférés, sans doute parce qu’il ne comporte aucune scène érotique et pour cause : l’une des héroïnes est asexuelle (et, comme je le disais, la littérature érotique n’est pas un genre dont j’ai l’habitude). Située à l’époque de l’Exposition Universelle de Paris, cette nouvelle donne à voir l’idylle naissante entre Amélie et Camille, deux femmes passionnées l’une, pour le pilotage automobile et l’autre, pour la science, le savoir. Toute en douceur, ce texte m’a emportée, d’autant qu’une certaine fée nous narre avec tendresse cette rencontre qui donnera lieu… eh bien à des étincelles, mais de celles qui sont aussi lumineuses et douces que celles des lucioles.

Bouches d’incendie de Cordélia

Sam est agent de sécurité dans une centrale nucléaire où a eu lieu un incident dramatique. Lors d’une manifestation, le traumatisme de cet incident revient. Morgan se porte à son secours. Une nouvelle tout en respect mutuel, avec des thèmes sous-jacents intéressants quoique peu exploités. Mais si la lecture fut plaisante, elle ne m’a guère marquée.

Vieilles connaissances de Nadège Da Rocha

Une autre de mes préférées dans cette anthologie ! Là aussi, l’érotisme est peu marqué, avec une seule scène pimentée (et encore, légèrement). Mais ce qui m’a le plus plu, c’est le thème : Vieilles connaissances met en scène des chevaleresses, une histoire de chasse au dragon et de tournoi comme dans les romans médiévaux… mais avec une relecture contemporaine, féministe et queer, pour ma plus grande joie ! En plus, les prénoms des personnages m’évoquaient la légende arthurienne. J’ai parfois pensé à la nouvelle Lal et Soukyan de Peter Beagle, parce que Vieilles connaissances met en scène des personnages d’un certain âge (ce qui m’a plu également, après tout j’approche la quarantaine !), comme dans ce texte de Peter Beagle.

Alpha Beauty de Théodore Koshka

On arrive au seul texte de l’anthologie que j’ai tout simplement détesté. Au début, le texte s’ouvrant sur un tableau expliquant la grammaire particulière de la nouvelle, j’ai d’abord cru que ce serait là la principale difficulté : la société imaginée par Théodore Koshka se divise en effet entre trois genres, alphas, betas et omegas, chaque genre ayant sa dénomination grammaticale. Finalement, je n’ai eu aucun problème à lire le texte en dépit de cette particularité linguistique. En revanche, la relation présentée, aussi malsaine que marquée par la domination, m’a tout simplement mise au bord de la nausée par sa violence.

Comme un soleil de J. M. Corrèze

Pour clôturer l’anthologie, un magnifique texte de J. M. Corrèze, qui nous conte les liaisons régulières d’une divinité avec certains membres de son peuple. Un texte mythologique empreint de tendresse, qui m’a réchauffée après la froideur et le malaise laissés par le texte précédent. Un texte qui achève en beauté cette anthologie.

Pour conclure, Diluées est une courte anthologie avec plusieurs textes qui valent le détour, d’autres plus oubliables, et un que j’ai franchement détesté. Je ne regrette pas d’être sortie de ma zone de confort pour l’occasion, car cela m’aura permis de belles découvertes, comme de voir la patte de certaines auteurices dans un domaine différents de ce que j’en lis d’habitude.

Retrouvez les avis de Zoé prend la plume et Léna au puits des mots

Éditions ActuSF, 2022, 281 pages

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