Virus, anthologie dirigée par Magali Duez

Virus, anthologie dirigée par Magali DuezQuatrième de couverture

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8 virus détectés.

Mon avis

Voici venue la dernière anthologie en date des éditions Griffe d’Encre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle arrive au bon moment : l’automne est là et les virus et autres microbes se frottent les mains car c’est leur saison, avec l’hiver. Rhumes, grippes et compagnie font la fête. Et les virus, c’est justement la thématique de cette anthologie ;). À noter que des virus informatiques se sont aussi glissés dans le sommaire – ils ont même fait planter la 4e de couverture, les bougres.

C’est partis pour 8 textes vérolés à souhait :

H5N1 de Frédérique Lorient : le virus H5N1 s’étant répandu dans le monde, les oiseaux sont désormais pourchassés et tués sans pitié. Seuls les bâtiments fermés permettent aux humains de poser leurs masques respiratoires. Alors qu’une mère et sa fille – qui ignore donc à quoi ressemble un oiseau – visitent un musée, une mésange s’introduit dans les lieux… On commence avec un premier texte fort. H5N1 est un virus existant, qui fait déjà planer son ombre depuis quelques années – la fameuse grippe aviaire. Frédérique Lorient imagine un futur pas si lointain où le monde vit dans la peur d’être contaminé, suite à une pandémie. À tel point que la vie quotidienne en est transformée – masques respiratoires, chasse à l’oiseau et autre chose que je vous laisserai découvrir dans ce texte court, mais glaçant.

Rouge cerise à pois blancs de Véronique Pingault : le rédacteur d’articles humoristiques est pris d’un début de rhume, une catastrophe pour lui puisque son inspiration lui vient de bains quotidiens. Mais le rhume anodin en question va s’avérer différent, particulier. Et se propager aussi rapidement que le rhume commun. C’est un rhume qui va mettre le monde sans dessus dessous, un rhume créatif. Après le terrifiant H5N1, un bon éclat de rire, ça fait du bien ! Ici, le virus mis en scène est imaginaire (ou pas, ça expliquerai certaines personnalités fantaisistes et donnerait l’espoir que même le plus austère peut être pris de folie créatrice 😉 ) et provoque des situations cocasses, où l’imaginaire de la personne atteinte est décuplé. Un petit grain de folie bien innocent et très rafraîchissant, on aimerait en voir plus souvent des virus comme ça 🙂 (enfin, avec modération quand même, trop de fantaisie peut aussi nuire à la santé…)

Utopie en sursis de Isabelle Guso : dans un monde où tout a un sens, une jeune enquêtrice a affaire avec une mystérieuse mort : il semblerait que la victime se soit suicidée. Impensable, dans un monde où tout est traqué avant naissance pour empêcher ce genre de déviance. Oui mais… les cas se multiplient, des cas de folie grandissante, et la fille même d’Audrey se retrouve atteinte du mal. Que se passe-t-il donc ? Retour dans une histoire qui fait froid dans le dos avec ce monde utopique qui cache, on s’en doute, un revers de médaille bien sombre. Si, arrivé à un certain point, on devine très vite où l’auteur veut en venir (j’ai notamment pensé aux Sims), cette longue nouvelle n’en est pas moins fort bien construite au niveau de ses personnages, avec une fin qui prête à réflexion quant aux inventions intelligentes de l’homme, leur statut et leur devenir.  Sans compter une autre réflexion mais je vous laisse la découvrir.

Mise à jour de Pénélope Chester : un droïde domestique doit être mis à jour, sa maîtresse attendant un enfant. Mais le droïde ne veut pas, de peur d’être infecté par un virus informatique. Tant de cochonneries traînent, de nos jours… nouvelle alternance, on retourne à l’humour avec ce petit texte qui s’amuse à inverser les rôles et fait vraiment sourire. J’ai beaucoup apprécié ce droïde qui m’a rappelé ces personnes qui évitent tout contact de crainte d’attraper un microbe.

Quand les clowns en treillis font gémir la musique de Fabien Clavel : une mystérieuse épidémie transforme physiquement les personnes atteintes en simulacre de clown. Celles-ci sont mises au ban de la société, même après qu’un traitement ait été trouvé. Dans ce texte, on retrouve en filigrane de la science-fiction bien des aspects sombres de notre réalité contemporaine, comme la façon dont sont souvent perçues les personnes séropositives ou l’accès non égal aux soins selon sa fortune. Une nouvelle de science-fiction qui étreint le coeur car elle rappelle bien notre société réelle.

Intrafolie de Raymond Iss : quand son implant est infecté par un virus informatique, un homme se voit obligé d’entendre en boucle Itsi Bitsi Petit Bikini de Dalida. Retour à l’humour, mais bien grinçant cette fois ! Ou quand les objets de technologie de pointe, ces gadgets dont tout le monde raffole, deviennent un enfer ambulant. Et comme en plus, je suis plutôt du genre anti-gadget dernier cri, je dois dire que les mésaventures de ce pauvre homme m’ont bien fait rire. Même malgré sa fin. Comme quoi, mieux vaut toujours se méfier des nouvelles technologies, surtout quand elles sont marketées à qui mieux mieux !

Flocon rouge de David Osmay : dans un monde où l’on a pu trouver un remède à la vieillesse, car la science a découvert qu’un virus en était à l’origine, virus que tous portent à la naissance, vit une fillette de douze ans. Physiquement. Car, vaccinée par son père, elle n’a plus vieilli d’un pouce depuis plusieurs années. Or, voici qu’un nouveau virus fait son apparition. Qui n’atteint que les Vaccinés. Et leur redonne le poids des ans. Entre réflexion sur la quête d’immortalité et sur le fait d’être bloqué dans un corps immuable, un très beau texte qui rappelle tout l’intérêt de vivre au jour le jour, de voir le temps laisser ses marques. Délicat et sensible, un texte qui laisse son empreinte.

Contagion de Bruce Holland Rogers : pour terminer, un texte bref d’un auteur américain. Dans un futur proche, une pandémie explose. Les médias ne cessent de décrire le mal et de donner les conseils afin d’éviter la contagion. Dans le secret du gouvernement, politiques, militaires et PDG se rencontrent. Eux connaissent la véritable identité du virus et savent que si la vérité venait à se répandre, le monde serait intenable pour eux… pour clore l’anthologie, ce petit texte se pose parfaitement ! Je n’en dirai pas grand-chose pour ne pas en déflorer l’intrigue, si ce n’est qu’il laisse rêveur et souriant 🙂

Au final, une anthologie qui, si elle est brève, n’en est pas moins composée que de pépites. On passe du rire à l’effroi, et vice-versa, on découvre une palette de virus biologiques et informatiques, ainsi que les réactions variées des contaminés ou proches de contaminés. 8 textes dont je serai bien incapable de dire que j’en moins apprécié un, tellement tous sont de qualité. Une anthologie à recommander ! À l’exception des lecteurs hypocondriaques, cependant, ils auraient là de quoi craindre d’autres maux.

Éditions Griffe d’Encre, 2013, 141 pages.

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