L’Épouse de bois, Terri Windling

epouse_de_boisQuatrième de couverture

Maggie Black est écrivain, auteur d’études sur des poètes. Elle apprend qu’un de ses plus anciens correspondants, David Cooper, vient de mourir en lui laissant tous ses biens en héritage. Maggie décide d’aller s’installer dans l’ancienne maison de Cooper, pour enfin s’atteler à la rédaction d’une biographie du grand écrivain. Mais elle n’avait pas prévu que Cooper habitait en plein désert, dans les montagnes de l’Arizona (près de Tucson). Là, la vie n’a pas le même rythme qu’ailleurs. Les choses sont plus pures, les formes plus essentielles, les mystères plus profonds…

Pourquoi Cooper est-il mort noyé dans un lit de rivière asséché ? Pourquoi des coyotes rôdent-ils autour de sa maison ? Qui est l’étrange fille-lapin qui s’abrite sous les grands cactus ? La magie de ces collines désertiques est puissante, Maggie Black devra prendre garde à ne pas y perdre la raison — ou la vie.

Mon avis

Cela faisait quelque temps que L’Épouse de bois attendait sur mes étagères et j’ai choisi de le lire pour débuter l’année 2015. Première lecture de l’an, premier coup de coeur ! (non, ce n’est pas Fairest, puisque bien que chroniqué en 2015, je l’avais lu en 2014). Et un gros, gros coup de coeur ! C’est aussi la raison pour laquelle cet avis de lecture a tardé à venir. Car je ne sais comment mettre des mots sur ce que roman m’a fait éprouver.

Nous accompagnons Maggie Black, qui vient de recevoir en héritage les biens et les terres du poète Davis Cooper, avec qui elle entretenait une correspondance. Surprise tant de cette volonté testamentaire que de la mort du vieil homme, retrouvé noyé dans un lit de rivière asséché, elle se rend chez lui, dans le désert d’Arizona. Si les quelques habitants de ce coin perdu l’accueillent à bras ouverts, Maggie Black va vite découvrir que le désert abrite bien des secrets. Et que d’étranges esprits le parcourent, comme cette fille-lièvre ou cet homme trop beau pour être réel.

L’Épouse de bois s’inscrit dans le genre de la fantasy urbaine, bien que l’intrigue se déroule dans un paysage inhabituel : le désert d’Arizona. Terri Windling a été inspirée, pour ce roman, par une oeuvre de Brian Froud (reproduite en couverture) et lui rend hommage tout au long du livre avec des allusions à ses peintures. Étant très admiratrice de cet artiste, j’étais donc déjà séduite par l’habillage de l’ouvrage ! 🙂 (bien qu’il existe en poche, je vous recommande donc plutôt d’acquérir le grand format, pour mieux profiter de sa sublime couverture). Le texte, lui, ne m’a pas déçue du tout. À vrai dire, je m’attendais à une belle lecture car j’avais déjà lu des anthologies dirigées par Terri Windling (les six excellentes anthologies de nouvelles revisitant les contes de fées, dont seul le premier volume fut traduit en français) et exploré quelque peu son site, qui comporte entre autres articles et bibliographies sur le même thème.

L’Épouse de bois, disons-le tout net, a été pour moi un ensorcellement plus qu’un enchantement. Dès le début, je me suis trouvée happée par l’histoire, par l’Arizona, par ses habitants qu’ils soient humains, animaux ou féeriques. Au fil du récit, à mesure que Maggie Black s’enfonce du côté surnaturel des lieux, je me suis moi-même retrouvée de plus en plus happée profondément. C’était au point que, autant au début j’arrivais à poser le livre pour vaquer à mes occupations, autant arrivée vers la moitié, il m’était impossible de le lâcher. Peu importait que l’heure de plonger dans les bras de Morphée fût depuis longtemps passée. Je ne pouvais tout simplement pas poser le livre. Il me fallait lire encore un chapitre, puis encore un autre. Jusqu’à la fin.

Cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait pas fait un tel effet, comme un hypnotique, un sort, un charme. Longtemps que je n’avais pas ressenti une telle magie exsuder d’un récit. Une magie aussi belle que dangereuse, une magie sans loi ni morale. Les esprits, même féeriques, ne répondent pas aux mêmes règles que le monde des hommes et cela, cette étrangeté, ce mélange de beauté, de danger et de douceur, cet aspect résolument autre, Terri Windling a su le rendre à la perfection. Ses personnages humains sont tous aussi bien rendus, leur psychologie finement abordée et quant à l’Arizona, ah ! Elle nous y emmène littéralement. C’est tout juste si l’on sent le souffle sec du vent chaud sur notre peau, même lorsqu’on lit le roman en plein hiver.

L’Épouse de bois, c’est tout un hommage au désert d’Arizona, sa faune, sa flore, son folklore, ses habitants. C’est aussi un roman qui ne met pas seulement en scène des esprits. Il traite également de l’art et de l’inspiration, deux thèmes qui m’ont d’autant plus parlé que, vous le savez, je suis moi-même une « scribouilleuse ». Si les personnages de Davis Cooper et Maggie Black sont des poètes, on croise également des peintres et des musiciens. C’est véritablement l’art, ce qu’il implique – que ce soit les problèmes inhérents à l’inspiration lorsqu’elle vient à manquer, ou lorsqu’elle se fait trop présente – qui est abordé avec beaucoup de force, dans un style époustouflant, et au travers de personnages magnifiquement campés.

Un roman riche, donc, à la plume superbe (malheureusement écaillée ici et là de vilaines coquilles). Un livre infusé de magie et que l’on referme avec, encore aux oreilles, le chant des coyotes et le murmure des esprits.

Éditions Les Moutons électriques, 320 pages, 2010

Cette lecture s’inscrit dans les challenges Je suis éclectique du forum Mort-Sûre (catégorie Fantasy), Winter Mythic Fiction et SFFF au féminin.

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5 réflexions sur « L’Épouse de bois, Terri Windling »

  1. Je l’ai lu en fin d’année dernière 🙂 J’ai été déconcertée de me retrouver en plein désert (au vu de la couverture) mais j’ai adoré l’univers développé par Windling : j’ai été happée comme toi 🙂

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