Yoko Tsuno t. 3 : A la poursuite du temps, Roger Leloup

yoko_tsuno3Quatrième de couverture

Avec Monya, la dernière terrienne en vie au 39e siècle, et sa machine à voyager dans le temps, Yoko Tsuno va tenter de sauver la planète des pires cataclysmes: la destruction de toute l’humanité par une bombe à contraction en 3872 ou une épouvantable épidémie de peste noire, en 1545, qui menace de se déclencher à notre époque. Passé, présent et futur s’entremêlent dans une rivière du temps dont Yoko va suivre les méandres pour y réparer les erreurs des hommes… ou, tout simplement, pour libérer une jeune danseuse de Bali, en 1350, condamnée à un terrifiant destin.

Mon avis

Après les intégrales 1 et 4 consacrées aux aventures spatiales de Yoko Tsuno, je vous parle de la 3 – non, toujours pas d’avis de lecture sur la 2 mais il va arriver, rassurez-vous ! 🙂

Et, cette fois, petit changement : autant les intégrales dont j’ai parlé précédemment pouvaient se lire sans problème, les albums compilés suivant un même arc narratif à défaut d’être compilés dans leur ordre de parution, autant cette intégrale consacrée aux premiers voyages dans le temps de Yoko fait exception. Si l’arc narratif du Translateur (nom de la machine à voyager dans le temps) est bel et bien respecté dans son déroulement, les lecteurs qui n’avaient encore jamais lu les aventures de Yoko risquent d’être déstabilisés par l’apparition de Rosée du Matin dans Le Matin du monde, seconde aventure de cette intégrale. Et pour cause : la petite fille apparaît en fait dans l’album Le Dragon de Hong-Kong, album n°16 qui sera repris seulement dans l’intégrale 5 (vous suivez toujours ? ^^ »). Cette fois, donc, je ne saurai que trop vous conseiller de lire l’album concerné avant de vous lancer dans l’intégrale À la poursuite du temps, afin de comprendre d’où vient Rosée et quels sont ses liens avec Yoko.

La première aventure de cette intégrale se nomme La Spirale du temps. Dès le titre, l’auteur nous prévient : Yoko va voyager dans le temps, et le moins que l’on puisse dire c’est que cette première aventure temporelle offre déjà une intrigue complexe, bien ficelée, qui maîtrise de bout en bout les difficultés inhérentes au voyage dans le temps. Ce qui n’empêche pas la BD d’être tout à fait accessible aux enfants (en tout cas, je l’ai lue avec autant de plaisir que les autres aventures de Yoko, même petite, et en plus je les lisais dans le désordre. Donc bon ^^). Yoko, au début de l’histoire, se trouve à Bornéo avec ses compagnons Vic et Pol dans le cadre de son travail et en profite pour revoir son cousin, qui s’y est installé. Aimant contempler les ruines d’un temple, c’est au cours de l’une de ses balades dans ses ruines qu’elle est témoin d’une scène des plus étranges : des hommes installent un mystérieux petit appareil et une machine apparaît alors, dans un halo de lumière. Une toute jeune fille en sortira. Cette jeune fille, c’est Monya, venue d’un futur apocalyptique pour prévenir cette fin terrible, justement. Mais rien ne se passe comme prévu et l’adolescente trouvera en Yoko une précieuse alliée.

La Spirale du temps propose, classiquement, le thème d’une fin du monde à éviter grâce à une machine à voyager dans le temps. Mais, comme souvent avec les albums de Roger Leloup, cette aventure de Yoko est plus riche qu’il n’y paraît. Déjà, on y découvre tout un pan de l’histoire familiale de Yoko. Car, pour aider Monya, notre électronicienne va devoir elle aussi remonter le temps et rencontrer son oncle, durant la Seconde Guerre Mondiale, toujours à Bornéo. Roger Leloup se sort très bien des problèmes que peuvent poser un tel voyage et une telle rencontre (d’autant que l’oncle en question passera un coup de fil à la mère de Yoko, alors âgée de seulement 13 ans !). Il est d’ailleurs indiqué dans le dossier précédent les aventures compilées qu’il a pris grand soin dans la conception de ses intrigues temporelles, pour qu’elle soit le plus crédibles possibles. Et c’est tout à fait réussi ! 🙂

Au travers de l’histoire de Monya, l’auteur aborde également la dangerosité de la course à l’armement, même préventive, puisque c’est elle qui causera la perte de l’humanité. Enfin, il ajoute une autre touche de science-fiction pour parfaire cette première aventure temporelle 🙂

On retrouve Monya dans la seconde aventure temporelle : Le Matin du monde. L’action se situe cette fois à Bali, où Monya s’est installée. Désireuse de mieux connaître l’histoire de ce pays d’adoption, elle a évidemment fait usage de sa machine à voyager dans le temps. Mais, au cours de l’un de ces voyages, elle a malencontreusement provoqué la condamnation à mort d’une danseuse sacrée. Elle fait appel à Yoko et ses amis pour tenter de lever cette condamnation ou, en cas d’échec, sauver la danseuse. Pol pointe alors du doigt ce que vous vous dites probablement : pourquoi chercher à sauver une personne morte depuis des siècles ? Il vous faudra lire la BD pour le savoir mais je puis vous dire que, pour ce détail-là, Roger Leloup s’appuie une fois encore sur les règles habituelles du voyage dans le temps, notamment celle qui précise qu’un changement a ses répercussions 😉 Bon, dans l’aventure en question, c’est un poil différent, mais si je vous dis tout, il ne vous restera plus grand-chose à découvrir. Cette aventure précise me plaît beaucoup parce qu’elle offre un beau voyage en une contrée et une époque méconnue, celle de Bali en 1350. Comme souvent, Roger Leloup s’est beaucoup documenté et le dessin, très précis, offre un véritable voyage au lecteur.

C’est là, aussi, que Rosée du Matin expérimentera son premier voyage dans le temps. Rosée est une petite fille que Yoko a rencontrée dans Le Dragon de Hong-Kong. Orpheline, recueillie par son grand-père au coeur fragile, elle sera d’emblée prise d’affection par Yoko et le lui rendra bien. Soucieux de son avenir et conscient que le courant passe bien entre elles, le grand-père demande à Yoko d’en devenir la tutrice, ce qu’elle accepte. C’est pourquoi la petite fille se trouve avec Yoko dans Le Matin du monde. Au départ, elle ne devait pas accompagner Yoko en 1350, mais ce sont les événements qui obligeront notre héroïne à l’emmener.

On arrive ensuite à la troisième et dernière aventure de cette intégrale consacrée aux voyages dans le temps : L’astrologue de Bruges. Yoko est contactée par un peintre belge qui désire la rencontrer. Lors de l’entrevue, le peintre lui affirme l’avoir déjà vue et peinte, en 1545 (il aurait bénéficié d’un philtre d’immortalité, délivré au compte-gouttes par une autre personne, et il souhaite profiter de l’élixir de Yoko, qu’il croit provenir du même siècle que lui). Pour Yoko, tout cela n’a aucun sens mais le portrait est bien le sien, et Monya y figure également ! Le peintre ayant aussi rencontré Rosée au XVIe siècle, Yoko se retrouve alors forcée d’embarquer tout le monde à cette époque pour démêler toute cette histoire.

D’un abord compliqué et certes un peu tiré par les cheveux, l’intrigue s’avère au final finement menée. Le thème de la quête d’immortalité est abordée à travers les personnages du peintre et de son acolyte. On y trouve aussi celui de l’épidémie – avec la peste noire et la menace d’un retour à notre époque moderne. Mais aussi un peu d’alchimie. Entre le dessin – toujours très détaillé – et ces multiples éléments, ce dernier voyage dans le temps, plus complexe que les autres, s’avère pourtant bien sympathique à lire, du fait que l’action est présente de bout en bout, comme dans un film d’aventures.

Trois voyages dans le temps en une seule intégrale, c’est donc ce que nous offre À la poursuite du temps. Ces différentes aventures sont aussi un bon moyen de découvrir tout ce que peut impliquer de tels voyages. Bien sûr, Yoko n’en restera pas là et retournera régulièrement dans le passé dans certaines des aventures suivantes, mais ces trois-là sont, à mes yeux, les meilleures et comme en plus elles sont proposés en intégrale avec un dossier intéressant sur leur genèse, que demander de plus ? 🙂

Intégrale n°3, comprenant les volumes 11, 17 et 20 de la série

Éditions Dupuis, 164 pages, 2007.

Cette lecture s’inscrit dans le challenge Retour vers le futur organisé par Lune.

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1 réflexion sur « Yoko Tsuno t. 3 : A la poursuite du temps, Roger Leloup »

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