Le Tour d’écrou, Henry James

Quatrième de couverture

Une jeune fille se retrouve pour la première fois engagée comme gouvernante. Elle doit s’occuper de Miles et Flora, deux enfants étranges et magnifiques qui la déroutent tant ils se montrent distants et silencieux. Jour après jour, nuit après nuit, des visages apparaissent aux fenêtres poussiéreuses – des fantômes qui peu à peu se rapprochent. La jeune femme comprends alors l’horreur de la situation : ces créatures diaboliques s’intéressent aux enfants, souhaitant corrompre leur corps, leur esprit, leur âme…
Mais le pire, c’est que Miles et Flora n’ont pas peur. Au contraire ils semblent attirés par ces esprits malfaisants…

Mon avis

J’avais lu une première fois Le Tour d’écrou alors que j’étais adolescente. À l’époque, j’engloutissais les récits surnaturels contemporains (Stephen King, Dean Koontz, Graham Masterton) et ceux du XIXe siècle (Maupassant, Gautier, Wilde). Lire ce classique en matière d’histoire de fantômes était donc indispensable. Je ne sais si c’est parce que j’étais trop jeune ou que la traduction était vieillotte, toujours est-il que je garde un mauvais souvenir de cette première lecture. Je n’avais pas compris l’histoire, et l’avais encore moins aimée.

Les éditions du Chat Noir ont proposé en fin d’année dernière une réédition de ce classique d’Henry James, accompagnée d’illustrations de Mina M. Ma curiosité a été piquée : j’adore en effet les couvertures réalisées par cette artiste (je serai capable d’acheter des livres juste pour ces couvertures ^^). Et puis, les années ont passé, j’ai grandi, appris, peut-être cette fois pourrais-je mieux goûter à l’histoire qu’à l’époque ?

En ouvrant le livre, je découvre que la traduction en a été révisée pour l’occasion. Me voilà rassurée, les chances que j’apprécie le texte augmentent !

Le Tour d’écrou est une novella, un roman court, donc. Figurez-vous que je l’ai dévoré en peu de temps ! J’ai vite été happée par le texte, la tension qui s’en dégageait.

Une jeune femme est engagée pour s’occuper de deux enfants, Miles et Flora. Elle aperçoit, à plusieurs reprises, des apparitions. Apparitions qui semblent intéressées par les deux enfants. Or, à sa grande horreur, la gouvernante réalise que Miles et Flora sont non seulement conscients de ces spectres, mais n’en ont pas peur.

Raconté du point de vue de la gouvernante, le récit déploie petit à petit sa toile, tissant lentement un climat oppressant et terrifiant qui va crescendo. Le final, brutal, en est le climax et laisse le lecteur complètement sonné – et perdu.

Car Le Tour d’écrou est un récit fantastique réussi par son équilibre soigné propre au genre, celui qui brouille la frontière entre le surnaturel et la folie, mettant le lecteur dans une posture inconfortable qui participe aux frissons ressentis durant la lecture.

Avec cette nouvelle édition – magnifiquement illustrée par Mina M – le mauvais souvenir de ma première lecture s’est envolé. J’ai adoré la novella ! Adoré les frissons qu’elle procure, adoré la façon de Henry James d’aborder la traditionnelle histoire de fantômes de façon si brillante qu’elle en est devenue un classique (je comprends comment elle a pu influencer bien d’autres récits, de papier ou sur l’écran, par la suite).

Comme quoi, un premier rendez-vous manqué avec un livre peut parfois se rattraper, grâce à une nouvelle édition, un nouvel écrin 🙂

Éditions du Chat Noir, 2019, 180 pages.

Cette lecture s’inscrit dans le challenge XIXe organisé par Alphonsine (validation du sous-menu Melmoth du menu Monstres et tréfonds de l’âme humaine).

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8 réflexions sur « Le Tour d’écrou, Henry James »

    1. Oui, elle est superbe ! 🙂 Les illustrations sont magnifiques et la traduction révisée rend le texte vraiment agréable à lire. Bonne lecture par avance ! 🙂

  1. C’est clair que Mina M a vraiment un style à elle, une façon de se réapproprier les codes gothiques très caractéristique.
    Je ne sais pas si tu as vu la couverture qu’elle a réalisée pour Belladona (un recueil de Cécile Guillot, publié par Le Petit Caveau) ?
    D’ailleurs, en parlant de Cécile Guillot, je ne doute pas qu’elle soit derrière cette réédition avec traduction révisée, ce travail de remise en valeur de pépites classiques serait bien dans sa démarche éditoriale.
    En tout cas, tu me donnes sacrément envie de lire ce titre (je me demande s’il n’a pas inspiré « Les autres », puisque tu parles d’influence).

    1. Oui, j’ai vu cette couverture (Belladona) ! Le recueil me fait d’ailleurs de l’oeil depuis un bout de temps ^^ » Mina M illustre aussi la collection Chatons Hantés au Chat Noir et les livres de Magic Mirror. Elle fait un travail magnifique.
      Effectivement, je pensais au film « Les Autres », tu as bien deviné 🙂
      En tout cas, je suis heureuse que les éditions du Chat Noir ait eu cette démarche, de mettre en valeur un classique en dépoussiérant sa traduction, parce que sinon je serais restée sur mon impression première qui n’était pas bonne. Comme quoi une bonne traduction est aussi essentielle. Et ces illustrations ! Tellement belles !
      Bref, j’ai adoré quoi ^^

      1. Si jamais tu n’arrives pas à trouver Belladona – il me semble qu’il est « sold out » – je peux te l’envoyer, si tu souhaites vraiment le lire (tu pourras toujours me le rendre ou renvoyer plus tard : comme il est dédicacé, tu sauras toujours à qui il est ^^).

      2. Oh c’est super gentil de proposer ce prêt, Cécile ! Merci beaucoup ! Mais c’est bon, j’ai vu qu’il était encore en vente sur la boutique du Petit Caveau, je pourrai donc leur commander 🙂

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