Quatrième de couverture
Pour les besoins de ses études en géologie, Louise s’installe au Japon, non loin d’Aokigahara, la forêt des suicidés. Entre dépaysement et fascination, la jeune fille découvre auprès de ses hôtes, les Aomori, la culture et les traditions de la région.
Mais quand vient le temps de se perdre dans ces bois à la renommée aussi dérangeante que mythique, Louise multiplie les rencontres plus étranges les unes que les autres. Persuadée d’avoir croisé des personnes disparues, elle avertit les forces de l’ordre. Pour autant, aucune trace n’est décelée et l’enquête piétine. Alors, Louise met tout en œuvre pour les retrouver, comprenant qu’elle seule peut suivre la piste qu’ils ont laissée.
Parce que chaque rencontre est un indice qui lui est soufflé par les arbres de la forêt…
La rumeur de leurs racines.
Mon avis
Il est des coups de coeur qui se révèlent tout en douceur. Des lectures qui, sur le coup, paraissent sympathiques, sans plus. Mais qui se révèlent, au final, plus marquantes qu’on l’aurait pensé au premier abord. C’est le cas de La rumeur des racines de Julie David, paru aux éditions du Chat Noir.
Une nuit d’insomnie, plutôt que de me tourner dans mon lit ou de poursuivre ma lecture en cours au risque d’en décrocher trop tôt, j’ai jeté mon dévolu sur ce court roman qui patientait dans ma PAL. Il avait la longueur idéale pour m’occuper en attendant que vienne Morphée. Je me suis vite retrouvée emportée au Japon sous la plume de Julie David, à la fois précise et imprégnée d’une délicate poésie. Que ce soit la description des lieux et des habitudes de la famille Aomori, avec laquelle Louise tisse vite de liens d’amitié, ou encore des expressions et SMS, retranscrits dans la langue (avec la traduction en bas de page), l’immersion est totale ! Cela m’a donné envie de retourner là-bas, même si la forêt d’Aokigahara n’a pas fait partie de celles où je me suis promenée lors de mon court séjour.
Malgré la réputation macabre de cette « forêt des suicides » et son intrigue aux allures de polar, La rumeur des racines n’est rien de tout cela. C’est un roman sensible et délicat, qui brode subtilement sur le motif du fantôme tout en prenant son temps, comme on cheminerait le nez au vent, entre les arbres. Un roman qui, une fois la dernière page tournée, prend le temps d’infuser, comme un bon thé japonais exhalerait lentement ses subtils arômes. Parce qu’après en avoir tourné la dernière page, puis enfin sombré dans le sommeil, je me suis surprise à y repenser le lendemain. Et le jour suivant. Et encore celui d’après.
Pourtant, certaines révélations n’avaient rien eu d’une surprise, pour la lectrice habituée d’histoires de fantômes que je suis. Mais elles n’en étaient pas moins bouleversantes. Voilà plus d’une semaine que j’ai lu ce court roman et à l’heure où j’écris ces mots, j’y pense encore. Certaines phrases tournent dans ma tête, des scènes me serrent le coeur, chaque fois que mes pensées me ramènent auprès de Louise, des Aomori et de la forêt d’Aokigahara.
La rumeur des racines, c’est un roman qui n’a l’air de rien, mais qui nous hante encore longtemps après qu’on l’ait refermé. Un roman parfait pour les personnes passionnées par le Japon ou qui veulent lire une histoire de fantôme sans se faire peur. Mon seul regret, c’est que la couverture du livre ne reflète pas toute la beauté, l’émotion et la délicatesse de ce texte fantastique qui vaut le détour.
Kokoro ga ugokute.
Retrouvez l’avis de Zoé prend la plume, qui a elle aussi été ravie par sa lecture.
Éditions du Chat Noir, 2022, 186 pages