Dangereuses demoiselles t. 1 : Les dames pirates, India Holton

Quatrième de couverture

Alerte aux pirates ! En Angleterre, la Wisteria Society est un fléau. Féministes, amorales et querelleuses, ces dames maîtrisent la magie et terrorisent les braves gens. À bord de leurs maisons volantes fortifiées, elles cambriolent, dévalisent, escroquent, n’hésitant pas à se dépouiller entre elles… du moment que les règles du savoir-vivre sont respectées.
Parmi elles, la jeune Cécilia attend avec impatience sa promotion. Elle veut surtout venger sa mère, tuée par le redoutable Morvath, poète fou et génie du Mal. Mais sa rencontre avec Ned, un charmant gredin, va bouleverser ses plans et déclencher une cascade d’aventures aussi loufoques que rocambolesques !

Mon avis

Poursuivant mes lectures spéciales « remontage de moral », j’ai sorti de ma PAL ce roman que j’avais acheté sur un coup de tête, intriguée par son résumé. Les dames pirates, premier opus de la série Dangereuses demoiselles de India Holton, peut se lire seul – l’intrigue trouve sa conclusion à la fin. Surtout, c’est une romance qui joue follement avec les codes du genre ! Parce que c’est aussi une uchronie, avec une touche de fantastique et énormément d’humour absurde !

Imaginez… un jour, une formule magique connue d’une femme pirate a fuité. Formule permettant de faire s’envoler des maisons. C’est ainsi que l’Angleterre victorienne est devenue une société où les femmes, qui se sont emparées de la formule, ont fondé leur propre cercle de piraterie. Ces dames mènent donc leurs affaires criminelles pendant que ces messieurs gèrent les enfants et passent leur temps en loisirs créatifs. Cécilia rêve de gagner ses galons de pirate senior. Et de lire en paix. Sauf que tout un tas d’aventures ne cessent de lui tomber sur le coin du nez chaque fois qu’elle se rend à la bibliothèque… l’une d’elles possède d’ailleurs un sourire canaille qui lui cause de drôle de bouffées de chaleur.

Vous l’aurez compris, ce roman est une petite pépite de légèreté qui en profite pour glisser une réflexion piquante sur le patriarcat avec sa société de dames pirates ainsi que des références nombreuses sur la littérature, surtout au roman Les Hauts de Hurlevent et la vie de la famille Brontë. La romance est délicieusement drôle et coquine (dans tous les sens du terme 😏) sans être trop spicy. A noter que, malgré le trope de l’ingénue et du type expérimenté (🙄), la scène où le couple passe à l’action ne fait pas l’impasse sur la contraception. Un élément que j’ai apprécié !

De plus, ces pirates, toutes criminelles qu’elles soient, restent de vraies ladies anglaises ! On n’explose pas les jardinières au tir au canon ; on évite de tacher le tapis lors des combats à la lame (le sang, c’est difficile à nettoyer) et surtout, on n’oublie pas le fameux tea time ! Entre comique de situation, aventures rocambolesques, romance enlevée et sous-texte pas piqué des vers, j’avoue avoir pouffé régulièrement au fil de ma lecture. Et je compte bien lire à l’occasion la suite des aventures – sentimentales comme absurdes – de ces demoiselles adeptes du poignard !

En bref, une lecture parfaite pour se changer les idées ! ☺️

Retrouvez aussi l’avis de A livre ouvert, qui a adoré !

Le retour de Chanur, Carolyn J. Cherryh

Quatrième de couverture

Rien ne va plus dans la Communauté Spatiale, cette fragile mosaïque de races hétéroclites. Les Kif, d’impitoyables pirates, menacent de la détruire, et l’invasion de la flotte humaine est imminente !
Or, sur les quais de la station spatiale Kefk, la bataille a fait rage. Pyanfar Chanur et son équipage se retrouvent seuls, aux mains de leur pire ennemi, Sikkukkut, le chef des Kif. Mais Pyanfar ne manque pas d’audace ! Abandonnée par ses alliés, elle accepte de devenir la vassale de Sikkukkut pour sauver son vaisseau.
Pyanfar parviendra-t-elle à manœuvrer cette alliance dangereuse et à sauvegarder l’équilibre délicat de la Communauté ? Il lui faudra revenir chez elle, au cœur de l’espace hani, où l’attend un destin surprenant et grandiose.

Mon avis

Parfois j’aime lire de la SFFF vintage. C’est ainsi que j’ai découvert le Cycle de Chanur de Carolyn Cherryh, cycle qui comporte 5 tomes (depuis réédités en 2 intégrales).

J’avais adoré le tome 1, qui se suffit à lui-même. J’ai poursuivi avec les tomes suivants – à noter que les tomes 2, 3 et 4 forment un tout. Le retour de Chanur est ce tome 4. Au fil de ces suites, j’avoue que mon intérêt s’est effiloché, et ce tome 4 ne fait pas exception. On part dans des imbroglios politiques que je peine à suivre, d’autant plus que, pour rendre les difficultés de communications inter-espèces, certains personnages s’expriment dans un charabia fatiguant à lire lorsqu’il s’étale sur plusieurs pages de dialogues.

Le retour de Chanur démarre par un résumé des tomes précédents, et heureusement parce que même avec ça, il m’a fallu un bon bout de temps pour comprendre les enjeux. Il y a ensuite un souci de rythme, on a beaucoup de discussions avant qu’enfin, l’action ne se mette en branle et la tension, de fait, n’arrive que tardivement. Malgré tout, il y a des aspects positifs dans ce volume : on en apprend encore davantage sur les modes de pensées des personnages (pour rappel, aucun n’est humain à l’exception de Tully, le point de vue étant celui des Hanis, race de félins humanoïdes à laquelle appartient Pyanfar Chanur). Si les tomes précédents avaient déjà permis de les creuser, ici on assiste aussi à la subtile évolution de certaines mentalités, du fait de ces différentes espèces qui se côtoient. Chanur use ainsi de sa connaissance du mode de pensée kif pour se sortir du bourbier, mais à force de frayer avec d’autres races, elle-même a ajusté sa propre attitude – le simple fait d’avoir donné à son époux une place dans son équipage, au cours des tomes précédents, en était déjà la marque, puisqu’elle évolue dans une société matriarcale, où le mâle est vu comme le sexe faible, sujet à des crises de « folie furieuse ».

La problématique des voyages spatiaux est aussi abordée. Chanur et son équipage vont devoir effectuer un voyage à une allure forcée, et rien n’est épargné de l’impact des sauts sur la santé. Il est aussi évoqué le temps qui s’écoule différemment lors des sauts, amenant à un vieillissement différent pour les spatiennes ou les rampantes (noms donnés aux Hanis qui voyagent dans l’espace et à celles qui restent sur leur planète d’origine).

Malgré ces points positifs, il m’aura fallu un mois pour lire ce poche. Je pense m’arrêter là, d’autant que le tome 5 a pour héroïne Hilfy et non pas Pyanfar, qui était jusque là le personnage principal. Malgré tout, je vous recommande vivement le tome 1 car Carolyn Cherryh propose un space opera passionnant en raison de ses personnages, tous extraterrestres, et de sa réflexion sur le sexisme à travers la société hanie (inspirée des lions), comme sur la façon dont autant de races différentes tentent de s’entendre.

Pour terminer, parlons un peu de la couverture… parce que là, on a vraiment l’impression que l’illustration a été choisie au pif. Je vous présente ci-dessous la couverture VO, qui reflète bien plus fidèlement le contenu !

Éditions J’ai Lu, 542 pages, 1991

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du challenge Summer Star Wars organisé par RSF Blog.

L’assassin royal t. 6 : La reine solitaire, Robin Hobb

Quatrième de couverture

À la tête d’une déroutante procession – la reine Kettricken, la mystérieuse Caudron, Astérie la ménestrelle et le Fou -, Fitz poursuit son chemin sur la voie magique. Une quête toujours plus ardue car incessante est la traque menée par Royal, son ennemi juré, et ses meilleurs artiseurs et soldats d’élite, pour les retrouver et les tuer. S’enfonçant avec difficulté dans une contrée peuplée d’étranges présences, leur chemin, jalonné de gigantesques statues, va les mener à une imposante carrière de pierre noire. Mais où se terre Vérité ? Est-il seulement encore vivant ?

Mon avis

Après un tome 5 dont la dernière phrase laissait sur un suspense insoutenable, je me suis lancée aussitôt dans le tome 6 de L’Assassin royal de Robin Hobb. Et quel tome !

Il va être difficile de rendre un avis sans spoiler, même de façon très minime. Aussi, si vous n’avez pas lu la série et souhaitez l’aborder sans savoir quoi que ce soit, je vous recommande d’arrêter là votre lecture de ce billet.

Ce volume nous entraîne dans une aventure pleine de rebondissements et d’émotions. Comme il m’est déjà arrivé plusieurs fois dans la série, j’ai eu des réactions fort sonores à certains passages – comme ce moment où je savais que Fitz était tombé dans un piège, mais pas lui ; ou cet autre, à la toute fin, où j’ai ricané toute seule, satisfaite du sort qui attendait certain personnage que j’ai détesté avec passion depuis le premier tome !

Cette fois, pas de final en forme de cliffhanger, et pour cause : nous sommes à la fin d’un cycle. Tous les arcs narratifs trouvent leur conclusion, et de façon douce- amère. L’émotion, quant à elle, sera là jusqu’au bout… Robin Hobb n’a décidément pas son pareil pour construire finement ses personnages et nous attacher à eux, qu’on les aime ou les déteste selon leurs agissements.

Son univers continue de se dévoiler de façon fine dans cet opus, au point de me donner envie de tout relire pour mieux discerner tous les petits indices qu’elle a disposés ça et là, à présent que je dispose de toutes les réponses pour mieux les comprendre. Même un passage qui, sous une autre plume, aurait pu être très dérangeant, est ici bien abordé. Robin Hobb est une autrice de talent, dont je comprends aisément le succès mondial, très mérité !

A présent, je m’en vais poursuivre l’éclusage de ma PAL. De quoi me permettre de me remettre de toutes les émotions de ce premier cycle de 6 tomes. Mais croyez-bien que je replongerai ensuite dans cette série, pour découvrir les nouvelles aventures et mésaventures de Fitz…

Éditions J’ai Lu, 2009, 380 pages

L’Assassin royal t. 5 : La voie magique, Robin Hobb

Avertissement : cette chronique étant celle du 5e tome de la série, des spoilers sont possibles (notamment au niveau de la 4e de couverture !)

Quatrième de couverture

Le roi Vérité est vivant ! Il a imposé une ultime mission à Fitz: « Rejoins-moi ! »
Loin sur les sentiers mystérieux de l’Art, au-delà du royaume des montagnes, le jeune homme se met en quête pour répondre à l’appel de son souverain affaibli. Mais il reste seul, pourchassé par les forces de Royal, l’usurpateur, et sans possibilité de compter sur ses propres alliés, qui le manipulent comme un simple pion.
Or d’autres forces sont en marche… Dans son périple, Fitz va en effet se voir révéler son véritable statut : c’est par lui que s’accomplira, ou sera réduit à néant, le destin du royaume des Six-Duchés, et c’est là une charge bien lourde à porter quand on est traqué par ses ennemis, trahi par ses proches, et affaibli par la magie…

Mon avis

On ne présente plus la célèbre saga L’assassin royal de Robin Hobb. Pourtant, j’ai commencé à la lire sur le tard : je me suis en effet attaquée au premier tome en 2018. J’ai ensuite poursuivi avec les tomes 2 et 3 en 2020, puis le tome 4 en 2021. Et en cette année 2023, j’ai lu le tome 5 !

Pourquoi autant de temps entre chaque tome, alors que j’adore ce que je lis ? Parce que c’est une série longue (13 tomes hors intégrales !) et que ma PAL étant gargantuesque, je préfère alterner mes lectures.

Je comprends parfaitement l’engouement lié à la série : la psychologie des personnages est finement travaillée, on est à fond dans l’intrigue (j’ai rarement autant détesté un personnage, ni autant eu envie de rentrer dedans pour coller des claques à cette saleté de Royal ou pour tirer Fitz d’un faux pas !). J’ai rarement eu des réactions aussi « imagées » et sonores au cours de ma lecture (ce qui fait bien rire mon mari à chaque fois, vu qu’il a lu toute la série et sait de quoi il retourne !).

Fitz poursuit sa quête dans ce volume, où l’on en apprend davantage sur l’Art. J’ai adoré retrouver Oeil de Nuit, le Fou (ah, que ses répliques acerbes m’avaient manqué !) ; j’ai adoré Astérie – la ménestrelle apportant une forme de légèreté bienvenue – et Caudron, cette vieille dame qui ne s’en laisse pas compter et qui semble en savoir long (ah, le coup du jeu des cailloux, très bon !).

Arrivée dans le chapitre final, j’ai eu peur que Robin Hobb ne termine sur une scène forte en émotions, façon cliffhanger, comme c’était déjà arrivé précédemment. Je me disais « c’est bon, on approche de la fin, ça a l’air tranquille, ça devrait aller, je lirai autre chose après, maiiiis je me méfie quand même« , et arrivée à la dernière page j’ai commencé à souffler.
Et puis j’ai lu la dernière phrase.
Et j’ai fait « quooooiii ? Mais non, il faut que je lise la suite tout de suite !« 
(et donc, j’ai lu le tome 6 dans la foulée, avis à venir très bientôt) 😁

Voilà, donc si vous n’avez pas encore commencé la saga, lisez-la, c’est bien. Par contre, attendez-vous à éprouver de sacrées émotions !

Éditions J’ai Lu, 381 pages, 2011

La vengeance de Chanur, C. J. Cherryh

Quatrième de couverture

À bord de l’Orgueil de Chanur, Pyanfar et son invincible équipage s’enfoncent toujours plus loin, toujours plus hardiment dans l’espace : l’Épopée de Chanur continue.

Et voici que la belle hani croise à nouveau le chemin de Tully, son ami terrien… Mais pourquoi ses ennemis, les cruels Kifs, les fourbes Mahendo’sat et les insaisissables Knnn, cherchent-ils avec tant d’acharnement à s’emparer de lui ? Quel secret détient donc l’humain égaré au coeur de la Communauté Spatiale interdite ?

Pour l’amour de l’aventure et celui de Tully, Pyanfar Chanur est prête à accepter d’étranges alliances et à relever de terribles défis. Mais l’enjeu est de taille : les humains sont sur le point de se frayer une route dans l’espace communautaire…

Mon avis

J’ignore qui a écrit cette quatrième de couverture, mais clairement, on n’a pas lu le même livre ! « Belle hani » ? Pyanfar aurait grogné à pareil adjectif ! « Pour l’amour de Tully » ? Alors là, elle l’aurait carrément refroidi ! Pyanfar tolère tout juste Tully comme un ami, et la seule affection amoureuse qu’elle pourrait porter, c’est de façon bourrue pour son époux, qu’elle traite avec condescendance puisque, dans l’univers imaginé par C. J. Cherryh, le sexe fort chez les Hanis, ce sont les femmes. Ainsi, tout est inversé et les mâles, traités régulièrement d’hystériques par leurs comparses féminines (un renversement qui fait du bien, quand on est une lectrice !)

La couverture ne rattrape en rien ce résumé pas très juste puisqu’elle est, elle, carrément à côté de la plaque. Venons-en donc au principal : le texte ! Suite directe de L’épopée de Chanur, l’intrigue peine à démarrer. Pyanfar doit libérer sa nièce Hilfy et l’humain Tully des griffes des Kifs. Mais les kifs, une espèce connue pour son comportement belligérant, ont une psychologie retorse, aussi difficile que dangereuse à appréhender. Et quand s’y mêlent d’autres hanis, ainsi que des Mahendo’sat, censés être alliés mais aux motivations curieuses, l’affaire se complique.

Il est toujours plaisant de découvrir plus avant les différentes races extraterrestres de cet univers. Ici, nous explorons davantage la société kif. L’impact de l’arrivée des humains, espèce jusqu’alors inconnue, sur cette Communauté d’extraterrestres est aussi exploré. Une Communauté qui, déjà, rassemble des espèces disparates, parfois tellement différentes qu’elles peinent à se comprendre. Ainsi les Knnn, mystères ambulants. Et même au travers des négociations de Pyanfar avec Sikkukkut, on nous montre que leurs fonctionnements sociétaux respectifs ne sont pas maîtrisés finement – ainsi, les Hanis ne comprennent pas d’emblée le principe de sfik, et les Kifs ne saisissent pas non plus les motivations des Hanis.

Les voyages spatiaux, s’ils ne sont pas détaillés, sont cependant décrits comme épuisants, concernant les sauts, et les avaries techniques ne sont pas ignorées par l’intrigue. Celle-ci souligne aussi, d’ailleurs, les difficultés parfois posées lorsque des vaisseaux pilotés par des espèces fort différentes croisent dans un même secteur – entre oxyrespirants et méthaniens, le fossé de l’incompréhension est grand, tant leur façon de penser diffère !

Malgré ces qualités, le démarrage poussif de l’histoire, les dialogues qui fourrent parfois trop d’informations en même temps dans une géopolitique déjà complexe, le tout dans des langages parfois peu fluides lorsque le personnage qui s’exprime n’est pas Hani, font que plus j’avance dans la série, moins je retrouve le régal éprouvé lors de ma lecture du premier volume – qui se suffisait à lui-même, d’ailleurs.

Par ailleurs, je trouve que ça commence à tourner en rond, Tully ayant déjà été aux mains des Kifs dans le premier tome et Pyanfar qui avait maille à partir avec les mêmes espèces.

Une lecture en demi-teinte, donc, même si elle reste intéressante par la conception des espèces, très fine, et par la société Hani, qui renverse les rapports hommes-femmes pour mieux souligner toute l’aberration et la violence du sexisme ordinaire.

À noter que l’intégralité de la série a été rééditée en deux tomes en 2019, dans une traduction révisée.

Éditions J’ai Lu, 1987, 382 pages.

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du challenge Summer Star Wars organisé par RSF Blog.