Chanur, Carolyn J. Cherryh

chanurQuatrième de couverture

Au spatioport, on a vu l’inconnu errer, hagard, apeuré, apparaissant et disparaissant dans le dédale des conteneurs, des ponts et des passerelles.
Et c’est lui que la capitaine Chanur et son équipage découvrent à bord de leur vaisseau. Quel est cet être à la peau pâle et nue, sans crocs ni griffes, et qui ne semble pas comprendre leurs questions ?
Qui sont-elles, se demande-t-il à son tour, ces navigantes mi-femmes mi-louves, dont la fourrure rousse scintille de bijoux d’or ?
Tandis que le vaisseau fend l’espace, deux mondes, deux langages vont découvrir leurs différences. Pour s’affronter ou se répondre ?

Mon avis

Plusieurs fois lauréate du prix Hugo, Carolyn J. Cherryh est une auteure qui a laissé une belle empreinte dans la littérature de science-fiction. Elle écrit encore de nos jours mais je vais plutôt vous parler de son roman Chanur, paru pour la première fois en 1981 (édition en VF en 1983). Il n’est plus réédité aujourd’hui ce qui est bien dommage, car c’est très bon space opera !

Chanur met en scène un équipage hani, les Hanis étant une race mi-féline, mi-humanoïde. Une telle description, couplée à l’illustration de couverture, n’a pas manqué de me faire visualiser les Hanis à l’image des CosmoCats ! ^^ Oubliez cependant la posture des personnages de la couverture car chez les Hanis le sexe faible, c’est le mâle ! En effet, l’auteur s’est inspiré du mode de vie des lions pour décrire le fonctionnement sociétal des Hanis, à savoir qu’ils sont répartis en clans – Chanur suivant une capitaine issue du clan idoine – dirigés par des mâles, les jeunes mâles quittant le clan pour vivre à l’écart jusqu’au jour où ils reviennent pour tenter de prendre le pouvoir. Par ailleurs, ce sont les femelles qui s’occupent de subvenir aux besoins du clan, notamment en voyageant dans l’espace pour commercer avec les autres espèces intelligentes peuplant l’espace connu. Autant dire que l’équipage hani du vaisseau L’Orgueil de Chanur ne fera jamais appel à l’aide d’un quelconque mâle, même dans les pires instants, ce qui fait que la couverture est vraiment en contradiction avec l’histoire à ce niveau-là.

Le quotidien de Pyanfar Chanur, capitaine du vaisseau, va cependant être bouleversé alors qu’elle fait affaire à la Jonction, grande base stellaire où différentes races commercent entre elles. Un passager clandestin s’infiltre dans son vaisseau et il appartient à une race jamais vue auparavant. Le lecteur, à la description de ce passager, aura vite fait de l’identifier comme étant humain mais aux yeux de Pyanfar, il reste longtemps une créature inconnue. De plus, il amène un paquet de problèmes car il a fui un vaisseau kif, une espèce à l’aspect physique saurien et au comportement naturel des plus vindicatifs. Or, les Kifs réalisent rapidement que leur précieux prisonnier a pris place à bord de L’Orgueil de Chanur et vont prendre ce dernier en chasse.

Nous suivons donc la fuite de Pyanfar et de son équipage face aux Kifs, mais aussi leur tactique pour s’en sortir, leur enquête sur l’identité de leur passager clandestin et les alliances qui seront nouées pour tenter de s’en sortir. Pyanfar est une Hani expérimentée, de rang élevé au sein de son clan, et elle étudie souvent plusieurs solutions avant de déterminer laquelle sera la clé de sa survie et de celle de son équipage. Le roman est centré sur son point de vue et de fait, ce point de vue extraterrestre donne tout son intérêt à Chanur. L’humain n’y a somme toute qu’une place très minime, voire même perturbatrice. Tout est vu selon la vision hani. Un tel point focal est suffisamment original pour donner tout son intérêt au roman, mais s’y ajoute également le talent de l’auteur pour nous faire appréhender facilement cette société particulière ainsi que l’univers dans lequel les Hanis évoluent. C’est par petites touches que leur mode de fonctionnement, leur culture, se dévoile, de même que ceux des différentes races que l’on croisera au fil du roman.

On est aussi bien servi avec la diversité des races présentées ! Les Hanis ne ressemblent en rien aux Shtso, pas plus que les Kifs n’ont de points communs avec les Knnn – cette dernière espèce étant d’ailleurs encore un mystère aux yeux des autres tant elle est étrange. Et il en existe d’autres ! Les quelques lieux spatiaux visités sont aussi décrits avec brio – en quelques mots, l’auteur parvient à nous en brosser un portrait très évocateur – et la vie à bord du vaisseau est elle aussi très bien rendue.

Chanur est un excellent space opera et ouvre un cycle composé de cinq livres au total. Cependant, l’intrigue est bel et bien bouclée à la fin du roman, vous ne serez donc pas frustrés si vous n’avez pas la suite du cycle sous la main. Quant à moi, la raison pour laquelle je vais me lancer dans la suite est toute simple : suivre Pyanfar dans de nouvelles aventures ! 🙂

Éditions J’ai Lu, 317 pages, 1983

Cette lecture s’inscrit dans les challenges Je suis éclectique (catégorie Science-Fiction) du forum Mort-Sûre et Summer Star Wars : Episode VII du blog RSF Blog.

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8 réflexions sur « Chanur, Carolyn J. Cherryh »

  1. J’aime beaucoup Cherryh, et c’est une des rares fois ou je tombe sur article relatif à un de ses livres. Généralement, j’apprécie la complexité et la cohérence des ses univers. En revanche, la lecture peut être parfois exigente.

    L’entrée en matière de Chanur est-elle complexe et truffée d’information sur les 20 premières pages ( comme dans la Forteresse des Etoiles)?

    Merci

    1. Je n’ai pas lu la Forteresse des Etoiles donc j’aurai du mal à comparer. Personnellement, je n’ai pas eu de mal à rentrer dans le livre, même si au début, c’était un peu déroutant d’être plongé sans préambule dans un monde sans humains, avec les termes pour désigner les ETs. Mais l’auteur a su – je trouve – en quelques mots donner une idée du décor ou des races, donc ça ne m’a pas posé problème. En tout cas, je découvre cette auteur avec Chanur et je suis conquise ! 🙂 Que me recommenderais-tu, pour lorsque j’aurai terminé la saga de Chanur ?

      1. C’est cela dont je parle : une immersion d’entrée et sans temps mort. Personnellement j’aime beaucoup, mais je sais que quelques lecteurs trouvent trop brusques ce changement de référentiel.
        Je te recommande:
        L’univers Alliance Union, mais en commençant par le début ( Chanur est la 3° phase de cet univers, mais il y a de quoi se faire plaisir -je n’en suis pas encore là!) Cherryh à son tout meilleur.
        Plusieurs Hugo
        La forteresse des étoiles (que je dois relire, j’ai lu dans le désordre initialement et ce n’est pas recommandé)
        L’opéra de l’espace
        Volte face
        Les chants du néant
        Finity’s end ( top!)

        puis

        Cyteen (top) tome 1 et tome 2
        Les oubliés de Géhénna

        Après il y aurait le cycle de l’étranger, son cycle phare mais seul le Paidhi a été traduit en France ( les autres 15 romans, non).

        Et Chanur

      2. Merci, je note tout ça dans ma LAL ! 🙂 Je ne pensais pas que Chanur s’inscrivait dans un tel cycle, je vais pouvoir explorer davantage cet univers du coup et c’est tant mieux ! 🙂

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