Érèbe, Rozenn Illiano

Quatrième de couverture

Paris, 1888.

Jeune fille de bonne famille, avide de liberté, Lisbeth se sent piégée dans une vie dont elle ne veut pas. Sa mère est morte quand elle était enfant, son père est froid et autoritaire, une étrange malédiction accable sa famille depuis toujours…

Alors que l’automne s’installe, des songes enchanteurs troublent son morne quotidien : elle entre dans un monde envahi par l’hiver éternel, un ailleurs où trône un splendide château blanc peuplé d’un unique habitant, Elliot, qui lui en apprend plus sur son pouvoir naissant, celui des rêves. Ainsi, chaque nuit, ils explorent Érèbe et ses merveilles, comme dans un conte de fées.

Mais les contes de fées, tout comme les rêves, peuvent vite tourner au cauchemar, et les malédictions rattrapent toujours ceux qui cherchent à les fuir…

Mon avis

À Paris, Lisbeth étouffe. Elle va bientôt perdre son poste de gouvernante, son père veut à tout prix qu’elle se remarie, alors qu’elle n’aspire qu’à poursuivre son quotidien de femme indépendante. Une nuit, elle glisse dans le rêve d’un autre… celui d’Elliot, qui vit à Londres, et qui cherche à échapper au destin tout tracé par sa famille.

Lisbeth découvre alors Érèbe, un univers onirique et enchanteur, qu’elle peut manipuler à sa guise pour en faire le monde enchanteur de ses rêves. Un univers où elle retrouve Elliot. Petit à petit, un lien se tisse entre eux. Mais Elliot ne lui dit pas tout – il ne lui dit rien de la guerre séculaire que se livrent leurs deux familles, pour contrôler ce monde onirique. Et Lisbeth, marquée par les drames qui ont ponctué sa vie familiale, ignore jusqu’à quand ce rêve éveillé pourra se maintenir…

Ce n’est là qu’un bien maigre résumé du roman de Rozenn Illiano. Érèbe est un roman fantastique et onirique, il comporte une touche de romance et une atmosphère gothique qui m’ont énormément plu. C’est simple : je l’ai dégusté par petits morceaux, soir après soir, comme on ferait durer une boîte de bonbons glacés.

L’atmosphère onirique est très bien rendue – j’ai adoré suivre les marcheurs de rêves, le fait de lire le roman le soir, peu avant de dormir, était d’ailleurs un moment que j’attendais avec impatience ! La plume est belle, elle rend très bien l’univers hivernal et féerique, un peu gothique, dans lequel évoluent nos héros lorsqu’ils rêvent. Le climat humide de Londres est bien rendu aussi.

Il y a des clins d’oeil à des contes de fées, des tragédies et une malédiction mystérieuse (le côté gothique), des sombres histoires de famille, une romance qui vient adoucir le tout. Tout n’est pas rose : l’autrice aborde des thèmes graves, tel le poids des désirs familiaux, au mépris des rêves individuels, ou l’obstination à poursuivre une revanche, quel qu’en soit le prix, quitte à broyer des existences. Les traumatismes des drames qui ponctuent les générations. La façon dont un rêve peut devenir cauchemar, lorsqu’on veut le plier sous la contrainte.

En résumé, un très bon roman que je vous recommande si vous aimez les intrigues oniriques et un peu gothiques, qui prennent leur temps pour progresser tout en étant portées par une belle plume !

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du Cold Winter Challenge, menu Magie de Noël, catégorie Danse de la fée dragée.

Retrouvez d’autres avis sur ce roman : Au pays des cave-trolls, L’ourse bibliophile, Reflets de mes lectures, Le syndrome Quickson, Pages étoilées et Aventures livresques.

Auto-édition, 2020, 348 pages

Midnight City, Rozenn Illiano

Quatrième de couverture

Écrivain inconnu, Samuel rencontre le succès par hasard et sa vie change du jour au lendemain – pas forcément pour le mieux, d’ailleurs. Introverti et grand timide, il se plie à sa nouvelle célébrité sans rechigner, rêvant pourtant de retrouver la quiétude de son anonymat.
Seulement un jour, il ne peut plus écrire : ses mots se sont enfuis, son imagination est à sec. Un peu par désespoir, Samuel accepte la proposition d’un mystérieux mécène qui lui offre tranquillité et ressources afin qu’il puisse retrouver la flamme.
Ce qui, en fin de compte, n’était pas une si bonne idée…

Mon avis

Début 2019, Rozenn Illiano – déjà autrice de plusieurs livres auto-édités – lançait un livre vagabond. Ce livre, Midnight City, était imprimé en un seul exemplaire puis libéré dans la nature. Le lecteur ou la lectrice qui mettrait la main dessus devait, après lecture, le relâcher. Le résumé de l’ouvrage me plaisait, je trouvait également le concept sympa. Malheureusement, tout le monde n’a pas joué le jeu et l’exemplaire a disparu. Du coup, je me suis rabattue sur la nouvelle-énigme Un voyage sur l’Atlas pour arpenter une première fois les rues de la Cité de Minuit. Fin 2019, Rozenn décidait d’éditer le roman en un nombre limité d’exemplaires. Un livre qui mêle les thématiques d’une cité onirique et de l’écriture, pensez-donc, je n’allais pas le laisser m’échapper ! J’étais d’autant plus conquise que j’avais adoré mon premier voyage en cette Cité. J’ai donc mis la main sur le roman et, à présent que j’en ai terminé la lecture, voici mon avis 🙂

D’un côté nous suivons Samuel Hugo, un auteur dont le premier roman édité a connu un succès fulgurant, de portée internationale. Un succès auquel il ne s’attendait pas en signant son contrat d’édition et qu’il ne vit pas très bien (ce qui est bien compréhensible étant donné qu’il est introverti). Alors que son roman date déjà, il est pressé de toutes parts pour un autre roman. Seul problème : l’inspiration le fuit. Alors quand Adam Remington, mystérieux et riche homme d’affaires, lui propose de devenir son mécène, l’offre est trop alléchante pour être refusée. Mais si elle est si alléchante, c’est peut-être aussi parce qu’elle cache un piège…

Entre les chapitres consacrés à Samuel s’intercalent d’autres où nous suivons les événements qui se déroulent dans la Cité de Minuit du titre. Une Cité où le Temps ne s’écoule pas, où il fait perpétuellement nuit, une Cité bâtie sur des rêves et des cauchemars. Cyan, pilote d’oniropostale, s’écrase brutalement sans comprendre pourquoi. Bientôt, il lui faut se rendre à l’évidence : quelque chose de terrible arrive à la Cité.

Au fil du roman, les deux récits d’abord parallèles s’entremêlent de plus en plus, jusqu’à former une mise en abyme – l’autrice joue d’ailleurs sur ce concept au point que l’on frôle la double mise en abyme ! ^^

J’ai beaucoup aimé mes promenades dans la Cité de Minuit, cette ville onirique toute en symboles et métaphores, où règnent la Lune et les étoiles, les rêves, le bleu. J’ai frémi en songeant à ce qu’elle risquait. Je me suis laissée délicieusement bercer par cet univers, tout en suivant l’évolution de Cyan au fil des événements.

Du côté de Samuel, j’ai trouvé très intéressantes toutes les réflexions autour de l’écriture que ses péripéties permettaient. Que ce soit le blocage, la peur de ne pas arriver à écrire à nouveau un récit aussi beau que le précédent, le syndrome de l’imposteur, l’hésitation à livrer ses histoires à d’autres yeux, et bien d’autres, Rozenn livre beaucoup de grain à moudre dans ces chapitres, des réflexions qui proviennent de son expérience personnelle. Bien entendu, le fait que je sois autrice moi-même a sans doute contribué à mon intérêt mais je pense que même pour une personne qui n’écrit pas, cette thématique est intéressante. Midnight City offre en effet un regard réel sur ce que peut être le processus d’écriture, loin des images d’Épinal.

Je n’étais pas toujours d’accord avec certaines façons de voir l’écriture évoquées par Samuel, mais cela ne m’a pas dérangée, bien au contraire : l’écriture reste quelque chose de très personnel, de viscéral, il est donc normal que, d’une personne à l’autre, d’un auteur à l’autre, le rapport à l’écriture revête différents moteurs.

Au niveau du style, le texte oscille entre phrases délicates, oniriques durant les passages situés dans la Cité de Minuit et style fluide et plus familier lorsque nous suivions Samuel, ce qui permet de bien marquer la différence de lieu de l’intrigue.

J’ai lu cet ouvrage assez rapidement, avide de connaître le destin de cette belle et mystérieuse Cité, frémissant de connaître le sort de Samuel. J’ai lu cet ouvrage comme un texte profondément personnel de la part de l’autrice, en raison de toutes ces réflexions autour de l’écriture.

Le seul petit bémol que j’aurais est sur un passage qui m’a sortie de ma lecture, au sujet de la maladie psychiatrique dont souffrais un personnage. La description de ses symptômes ne me semblait pas raccord avec la réalité de cette maladie et ça m’a fait tiquer.

Mais dans l’ensemble, Midnight City est un joli roman oscillant entre fantastique et fantasy, abordant avec beaucoup de sincérité le thème de l’écriture et proposant une visite enchantée de la Cité de Minuit. Une suite est en préparation, que je ne manquerai pas de lire lorsqu’elle paraîtra.

Auto-édition, 2019, 459 pages

Un voyage sur l’Atlas, Rozenn Illiano

Présentation de l’autrice

Vous et votre ami Raul avez le même rêve : quitter la Cité de Minuit et explorer ce qui se trouve au-delà du Désert. Mais voyager sur l’Atlas, le grand océan, est périlleux, et l’Histoire a prouvé que tous ceux qui s’y sont risqués ne sont jamais revenus. À vous de préparer votre expédition !
Un voyage sur l’Atlas est une aventure à vivre à travers une énigme, et surtout une histoire inédite qui prend place dans l’univers du roman
Midnight City. Vous recevrez la lettre de Raul accompagnée de plusieurs documents (faits main avec des papiers de récupération) vous permettant de découvrir la Cité de Minuit et de résoudre l’énigme conduisant à la fin de l’histoire.

Mon avis

C’est avec une vive impatience que j’attends la parution prochaine du roman Midnight City de Rozenn Illiano. Au départ livre-vagabond, le roman sera finalement édité dans un tirage limité (s’il vous intéresse, il est encore possible de le précommander ici). Le résumé m’a tout de suite emballée, pensez-donc ! Le livre parle d’écriture tout en nous entraînant dans une mystérieuse cité, la Cité de Minuit du titre. Alors en attendant de recevoir le dit-roman… j’ai craqué pour Un Voyage sur l’Atlas, dont l’intrigue se déroule dans le même univers.

Un Voyage sur l’Atlas est ce que j’appelle une nouvelle-énigme, ce qui comble la fan de récits comme de jeux que je suis ! 🙂 Un Voyage sur l’Atlas se présente en effet sous la forme d’une enveloppe qui contient, outre la nouvelle, plusieurs documents : une lettre, un Laissez-Passer, un plan, des pages déchirées dont l’une griffonnée d’un croquis, et d’autres petites choses. Commençons par la lettre : signée par Raul, bibliothécaire de la Cité de Minuit (j’ai souri en la lisant, j’avais l’impression de parcourir la missive d’un collègue ^^) (faut dire que j’adorerais découvrir la Bibliothèque et les Archives de la Cité, depuis mon expérience d’Un Voyage sur l’Atlas ! On ne se refait pas ^^). Notre objectif à nous, lecteurs, est d’obtenir un objet nécessaire à la traversée de l’Atlas, cet océan dont nul n’est jamais revenu.

L’enveloppe et son contenu (photographie personnelle)

Ensuite, j’ai lu avec plaisir les différents documents et notamment la fameuse nouvelle, qui relate l’expédition passée d’un équipage disparu corps et bien. La nouvelle en elle-même fait 20 pages. C’est donc une lecture rapide, de même que l’examen des divers documents (au passage, j’ai adoré les pages « arrachées », vieillies et illustrées). Mais l’expérience de lecture d’Un voyage sur l’Atlas ne s’arrête pas là…

Je vous l’ai dit, la lettre de Raul nous donne des indications pour rechercher les éléments d’un objet. L’examen des documents comme la lecture de la nouvelle nous donne de bons indices (tout en nous emmenant brièvement sur l’Atlas, concernant la nouvelle). Un indice est donné en plus pour aider. Pour ma part, j’ai trouvé la difficulté de l’énigme abordable. En se creusant un minimum les méninges, on finit par trouver la solution. Toutefois, Rozenn a laissé une adresse où la contacter en cas de blocage donc pas d’inquiétude si vous n’êtes pas à l’aise avec les jeux d’énigmes.

Une fois trouvée la solution, j’ai donc pu poursuivre ma découverte de l’histoire. Cela a été une expérience vraiment chouette, on se sent dans la peau de ce personnage, ami(e) avec Raul. On visite un peu la Cité de Minuit et on se laisse envoûter par la ville à mesure que l’on décode les énigmes. Une belle entrée en matière, en attendant de découvre cette fascinante et mystérieuse Cité dans le roman éponyme.

Auto-édition, 2019, 20 pages