Snow, Glass, Apples, Neil Gaiman et Colleen Doran

Quatrième de couverture

A not-so-evil queen is terrified of her monstrous stepdaughter and determined to repel this creature and save her kingdom from a world where happy endings aren’t so happily ever after.

Mon avis

En attendant la sortie prochaine de ma revisite de la Reine-Sorcière (la fameuse Méchante Reine de Blanche-Neige), j’ai enfin plongé dans celle de Neil Gaiman, illustrée par Colleen Doran. À l’origine une nouvelle au sommaire du recueil Miroirs et fumées, Snow, Glass, Apples est ici présentée sous la forme d’un roman graphique.

J’ai longtemps hésité avant de craquer, car je savais qu’il s’agissait d’une revisite très sombre de Blanche-Neige. Un ami l’ayant lu m’avait même avoué qu’il en avait frissonné, et il est bien moins sensible que moi ! Mais j’ai fini par me laisser tenter, d’autant que j’adore le style de Colleen Doran !

Côté forme, cette adaptation graphique de la nouvelle de Neil Gaiman est de toute beauté – les dernières pages comportent d’ailleurs des esquisses et explications de l’artiste quant à ses choix et influences. J’ai adoré le rappel aux mouvements Arts & Crafts et Art Nouveau (ce sont mes mouvements artistiques préférés, avec le Préraphaélisme). Colleen Doran revendique un hommage à Henry Clarke, son style dans ce roman graphique me rappelait aussi celui de Kay Nielsen (qui a illustré des contes) ainsi que celui d’un vieil album de La Belle au Bois Dormant qui me suit depuis l’enfance.

Parlons à présent du fond ! Neil Gaiman nous narre le conte du point de vue de la Reine-Sorcière, qui se place ici comme un personnage certes ambigu, mais solaire, à l’opposé de Blanche-Neige, véritable monstre. Une revisite vampirique qui n’est pas nouvelle : Tanith Lee l’avait déjà fait avec la nouvelle Rouge comme le sang (Red as Blood), que je vous recommande. Mais là où Tanith Lee terminait son texte sur une note lumineuse, avec un prince dans la figure d’un sauveur, Neil Gaiman opte pour l’interprétation littérale de l’horreur suggérée dans le conte. Dans son texte, le prince est nécrophile, et forme donc un pendant pervers au monstre qu’est Blanche-Neige.

Plusieurs scènes érotiques parsèment le texte, certaines lumineuses, d’autres pas du tout, selon qu’elles mettent en scène la Reine ou Blanche-Neige. Cependant, je dois dire que, bien que le roman graphique s’adresse à un public averti du fait des scènes érotiques ou violentes comme de la noirceur des thématiques, il reste abordable. Ce n’est pas aussi trash que je l’avais crains.

Si j’ai apprécié cette revisite très sombre du conte, je suis cependant restée frustrée par le fait que l’histoire n’est qu’effleurée, au lieu de creuser davantage les thèmes abordés, une frustration sans doute due au format court du texte originel. Par ailleurs, j’ai trouvé qu’elle tirait parfois trop sur la corde de l’érotisme sanglant, comme pour choquer inutilement.

Cela reste malgré tout une revisite intéressante du conte, quoique très sombre, où l’image magnifie le texte, ce que ne détrompent pas les nombreux prix reçus par l’ouvrage !

À réserver pour un public averti, toutefois.

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du Cold Winter Challenge, menu Hiver sombre, catégorie Nuit du solstice.

Éditions Headline, 2019

7 réflexions sur « Snow, Glass, Apples, Neil Gaiman et Colleen Doran »

    1. Ton commentaire me fait penser que j’ai complètement oublié d’intégrer un extrait à mon article… du coup je l’ai mis à jour, si tu veux avoir un petit aperçu des graphismes 😉

    1. Comme toi, ça n’est pas vraiment dans mes goûts non plus, ce qui joue peut-être avec mon impression que c’était parfois un peu trop. Mais le fait de prendre au sens littéral l’horreur implicite du conte était un parti pris intéressant, et les graphismes sont vraiment très beaux !

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