Les voies d’Anubis, Tim Powers

les_voies_d_anubisQuatrième de couverture

Vraiment, pourquoi Brendan Doyle, jeune professeur californien, aurait-il refusé de faire à Londres cette conférence payée à prix d’or ? Comment deviner que l’attend la plus folle et la plus périlleuse des aventures ?
Voyez plutôt : à peine arrivé, le voici précipité, par une mystérieuse brèche temporelle, dans les bas-fonds de Londres. De Londres en 1810 ! Sorciers, sectes et rumeurs de loup-garou… Et, nul doute, quelqu’un cherche à l’enlever sinon à le tuer !
Au hasard de sa fuite, Doyle régressera jusqu’en 1685 puis sera projeté dans l’Égypte de 1811 où des magiciens vénèrent encore le dieu Anubis.
Traqué, maintes fois capturé et toujours s’échappant, il cherche à corps perdu la « brèche » du retour.
O douce Californie d’aujourd’hui, où es-tu ?

Mon avis

J’avais entendu beaucoup de bien des romans de Tim Powers, et de celui-ci en particulier. Je me suis donc lancée dans cette lecture en m’attendant à du bon. Mais, en fait, ce n’est pas un bon roman : c’est carrément un bijou,que dis-je, un chef d’oeuvre ! D’ailleurs, je ne sais pas trop par quel bout commencer cette chronique tant ma lecture fut des plus appréciables et les éléments positifs, nombreux 🙂

Commençons donc par le personnage principal. Après une introduction pleine de mystère et de magie, on suit Brendan Doyle qui, au début du récit, répond à une offre portant sur sa connaissance de la vie du poète Coleridge. Doyle nous apparaît de prime abord comme plutôt antipathique et brisé par un accident survenu quelques années auparavant. Quand il apprend que la dite offre dissimule en fait l’opportunité d’écouter le véritable Coleridge, grâce à une brèche fixe dans le cours du temps permettant d’effectuer l’aller et retour à son époque, il peine à y croire mais accepte tout de même. Le voyage a lieu mais, à la fin de la conférence, Doyle est enlevé. Par qui, pourquoi ? Doyle ne le sait pas et nous, lecteurs, conjecturons également. Au fil du récit, Doyle va se retrouver bringuebalé sans trop comprendre ce qui se passe mais, heureusement pour lui, il va croiser la route de quelques bonnes âmes qui vont l’aider à se débrouiller dans ce siècle qui n’est pas le sien. Et, petit à petit, Doyle gagne notre sympathie, devenant héros malgré lui et acquérant au fil du temps le courage qui lui manquait tant au début. Une chose est sûre : Tim Powers soigne son personnage principal, et se permet même de le présenter d’abord sous un jour peu reluisant !

Parlons de l’intrigue, maintenant. Ou plutôt des intrigues, car le récit principal comporte plusieurs intrigues secondaires (pas si anecdotiques que ça !) et que tout cet écheveau va s’avérer lié. L’auteur mène de main de maître ses différents fils ainsi que ses personnages qui, s’ils disparaissent parfois de l’action de premier plan, ne sont pas pour autant oubliés. Non : ils ont tous leur rôle à jouer et l’auteur dévidera leurs destins en même temps que l’histoire durant le roman. Une telle maîtrise, avec toutes les intrigues qui trouvent leur conclusion à la fin sans un seul faux pas, m’a laissée admirative. En effet, il est facile de s’emmêler les pinceaux avec les récits de voyages temporels, surtout dans le vertigineux cas de figure choisi par Tim Powers, mais ce dernier évite tous les écueils avec succès.

Comme l’indique la quatrième de couverture, Doyle va donc voyager plusieurs fois dans le temps, pour le plus grand bonheur du lecteur. Du présent – plus exactement, les années 80, le roman datant de 1983 – à 1685, en passant par 1810. Les XVIIe et XIXe siècle sont retranscrits avec tant de détails qu’il est clair que l’auteur s’est bien documenté auparavant. Et, cette fois, le voyage dans le temps se mêle de sorcellerie. Un mélange détonant mais qui fonctionne 🙂

De fait, le roman dans son ensemble mélange nombre d’éléments : les genres avec la science-fiction (le voyage dans le temps), la fantasy (la magie) et le fantastique (des passages dignes de l’horreur), les références littéraires (l’accent mis sur les poètes britanniques du XIXe siècles, les passages concernant Horrabin m’ont rappelé L’île du docteur Moreau de H. G. Wells)… ajoutez à cela du loup-garou, de nombreuses références à l’Égypte ancienne et vous obtenez… eh bien encore plus qu’un simple mélange. Les Voies d’Anubis ne fait pas que s’inspirer de tout cela, ou de les mixer, il les transcende ! Et quand j’ai appris que Tim Powers était considéré comme l’un des pères du genre steampunk, j’ai compris pourquoi, malgré toutes ces inspirations visibles, le roman se hissait au niveau d’oeuvre originale.

Parlons aussi de loup-garou ! Présent dans une des intrigues secondaires, ce loup-garou change énormément des caractéristiques habituelles des récits du genre. Pas besoin de pleine lune pour se transformer et, de fait, pas de réelle transformation en loup mais une pilosité abondante et une déformation des traits. J’ai apprécié l’originalité du traitement de cette créature et si, pendant un temps, j’ai craint qu’il ne fasse que de la figuration dans l’histoire, le roman m’en a détrompée au fil des pages !

Je n’ose en dire plus pour vous laisser la découverte, mais ce roman fait clairement partie de mes coups de coeur de l’été. Brillant par de nombreux aspects (intrigue, originalité, personnages…), il possède également un style qui emporte facilement dans le récit. Et, malgré le nombre de références historiques, littéraires ou encore mythologiques, Les Voies d’Anubis est suffisamment accrocheur pour toucher un large public. Un bijou, je vous dis ! 🙂

Éditions J’ai Lu, 477 pages, 1986

Cette lecture s’inscrit dans les challenges Attention à la Pleine Lune du forum Mort-Sûre et Retour vers le futur organisé par Lune.

challenge_attentionalapleinelune

ChallengeRVLF_Retourverslefutur

5 réflexions sur « Les voies d’Anubis, Tim Powers »

  1. J’ai eu un peu de mal à accrocher au style ampoulé du roman, mais je sais que c’est un grand classique, il faut que je lui redonne un jour sa chance 🙂

  2. Un grand souvenir que cette lecture, à sa sortie (ça ne me rajeunit pas, l’affaire…). J’avais adoré même si j’ai mis un moment à comprendre comment fonctionnait le roman…

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