Dans le torrent des siècles, Clifford D. Simak

dans_le_torrent_des_sieclesQuatrième de couverture

Voilà vingt ans qu’Asher Sutton est parti dans l’espace. Même son vieil ami, Christopher Adams, ne s’attend plus à son retour.
Or, un soir, un inconnu se présente à Adams et lui dit venir du futur. Il annonce le retour imminent de Sutton et demande qu’on l’abatte à vue.
Effectivement, peu après, Asher Sutton revient sur Terre dans un astronef hors d’état de voler, sans air, sans vivres, sans combustible.
Qu’est-il arrivé à Sutton pendant ces vingt années d’absence ? Pour­quoi les hommes du futur veulent-ils l’empêcher à tout prix de publier son livre ? Un livre qu’il n’a jamais envisagé d’écrire d’ailleurs…
Et, de toutes façons, il y a déjà longtemps qu’Asher Sutton est mort.

Mon avis

Clifford Simak est un auteur davantage connu pour son livre Demain les chiens que pour ses autres oeuvres, et pour cause : ce titre fait partie des classiques de la science-fiction. Pourtant, si on fouille dans sa bibliographie, on peut trouver d’autres bons récits (et du moins bon, pour être honnête ^^). Dans le torrent des siècles se place dans la première catégorie 🙂

C’est, comme le titre l’indique, une histoire de voyage(s) dans le temps. Nous sommes d’ailleurs mis dans l’ambiance dès le premier chapitre, lorsque Adams reçoit la visite imprévue d’un inconnu. Ce dernier, venu du futur, lui prédit le retour d’un ami depuis longtemps disparu lors d’une mission spatiale. Encore plus surprenant : l’inconnu lui ordonne d’abattre Asher Sutton (le fameux ami disparu) dès son retour ! Voilà donc, d’entrée de jeu, bien des mystères qui sont posés !

L’histoire se déroule dans un futur lointain. Malgré quelques similitudes au niveau du mode de vie humain, celui-ci vit désormais longtemps – très longtemps – et a conquis l’espace. Pour asseoir son emprise sur l’univers, il a créé des robots, ainsi que des androïdes (la différence entre les deux est que les premiers sont d’origine mécanique, les seconds chimique). C’est dans ce contexte que Sutton a été envoyé explorer une planète dont aucun vaisseau ni sonde n’arrive à s’approcher. Mais Sutton disparaît sans laisser de traces et son retour, vingt après, à bord d’une navette dans un tel état qu’il lui aurait été impossible de survivre à bord suscite bien des questions.

Clifford Simak prend son temps pour poser l’intrigue et développer les thèmes abordés par l’histoire. On sent qu’il prend plaisir à nous raconter cette histoire, à nous faire suivre les aventures de Sutton (qui, bien qu’étant la clé du mystère, est aussi perdu que le lecteur au début, car il ne sait pas pourquoi des personnes venues du futur veulent sa mort). Les questions que l’on se pose sur toutes ces énigmes semblent de prime abord se complexifier (avec les voyages dans le temps et les répercussions futures d’un livre encore non écrit, il y a de quoi ! ^^) mais trouveront une résolution fort logique au cours du roman.

Si Clifford Simak est reconnu comme un auteur classique, c’est par ses thèmes abordés. Dans le torrent des siècles ne déroge pas à la règle car il propose des réflexions philosophique sur différents thèmes, réflexions qui sont des plus intéressantes. Je ne développe pas plus de peur de vous ôter le plaisir de découvrir les clés du mystère, mais, parmi ces thèmes, se trouve notamment la question du traitement des androïdes. Ces êtres conçus dans des usines biologiques sont différenciés des humains par un code-barre tatoué sur leur front et limités à des postes de travail éloignés des cercles décisionnels. Ce ne sont rien d’autres que des êtres inférieurs aux yeux des autres êtres humains. Mais un tel traitement est-il juste ? En 1950 (date de parution du roman), bien avant Battlestar Galactica qui évoque également le problème de la relation homme-androïde (mais pas que), Simak posait déjà de sacrées questions !

Mais ne soyez pas rebutés pour autant : tout l’art de Simak, c’est qu’il parvient à glisser ces considérations d’ordre philosophiques dans un récit plaisant, avec des personnages attachants, un style simple, et il nous gratifie même de nombreuses scènes bucoliques, apaisantes. Simak aime conter et cela se sent : on se laisse prendre par la main avec plaisir, on s’immerge dans ce futur, on a le vertige avec les différents sauts dans le temps, on se promène sur Terre et sur des planètes étrangères dont l’environnement est profondément autre, on s’interroge et réfléchit sur les réflexions posées par l’auteur comme on débattrait avec un ami.

Dans le torrent des siècles a été, pour moi, une agréable lecture estivale en raison de ces différents points. Un joli mélange de voyage dans le temps, de space opera et d’androïdes. Et j’ai donc noté qu’il fallait absolument que je me penche un jour sur son oeuvre maîtresse, Demain les chiens, à l’occasion ! 🙂

Éditions J’ai Lu, 312 pages, 1973

Cette lecture s’inscrit dans les challenges Retour vers le futur organisé par Lune, Summer Star Wars Episode III de RSF Blog et Je suis éclectique du forum Mort-Sûre, catégorie Science-Fiction.

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