Le chant des cavalières, Jeanne Mariem Corrèze

Quatrième de couverture

Un royaume divisé, instable, des forces luttant pour le pouvoir. Un Ordre de femmes chevauchant des dragons. Des matriarches, des cavalières, des écuyères et, parmi elles, Sophie, qui attend. Le premier sang, le premier vol ; son amante, son moment ; des réponses à ses questions. Pour trouver sa place, elle devra louvoyer entre les intrigues de la cour et de son Ordre, affronter ses peurs et ses doutes, choisir son propre destin, devenir qui elle est vraiment.

Mon avis

Citadelle de Nordeau. Un ordre de cavalières chevauchant des dragons y vit, selon des règles bien établies, millénaires, sous la direction d’une Matriarche. Nous suivons Sophie, une novice, qui attend ses premières règles. Ce moment marquera pour elle une évolution, le passage à un autre statut. Mais elles tardent et Sophie souffre de rester en retrait.

Le chant des cavalières m’a tout de suite séduite, dès ses premières pages, par cet univers féminin. Féminin dans le sens où la majorité des personnages le sont. Seuls deux personnages masculins figurent dans le récit, Le chant des cavalières est, avant tout, une histoire de femmes. Des femmes racisées, pour la plupart (en tout cas les rares descriptions de personnages le laissent subtilement entendre). Pour moi qui suit habituée au schéma inverse, avec des récits de fantasy où les personnages masculins abondent mais ceux, féminins, se comptent sur les doigts d’une main, ce renversement a été une véritable bouffée d’air.

Mais plus que tout, c’est cette idée d’un ordre de cavalières chevauchant des dragons qui m’a plu. Au travers des yeux de Sophie, nous découvrons petit à petit, touche après touche, les subtilités de cet Ordre. C’est un peu comme découvrir une congrégation religieuse, sans le lourd dogme patriarcal. S’y mêle, bien évidemment, la progression de Sophie au fil des années. Plus qu’un récit de fantasy, Le chant des cavalières est surtout l’histoire de Sophie, même si d’autres personnages se voient bénéficier d’un coup de projecteur. Sophie grandit, Sophie mûrit, Sophie commet des erreurs. Et, à mesure qu’elle devient adulte, elle perçoit de plus en plus la toile d’araignée cachée derrière l’apparente harmonie de son ordre.

Le chant des cavalières n’est pas de la fantasy épique mais ce n’est pas non plus seulement un récit initiatique. C’est un roman à l’écriture travaillée, mais pourtant fluide, un roman au rythme en apparence tranquille, jusqu’à son dernier quart, où les intrigues tissées dans l’obscurité se font jour, où les événements se précipitent. Mais là encore, l’autrice garde notre regard focalisé sur Sophie et non pas sur la bascule des événements.

Je ne le cache pas, j’ai lu les dernières pages prise de fortes émotions. Le final laisse les larmes aux yeux, il est amer et pourtant, possède une touche de lumière. Préparez-vous à être retournés, en tout cas, moi je l’ai été.

C’est un très beau roman que ce Chant des cavalières et à relire cette chronique, je me dis que je rends bien mal mes impressions de lecture. Une chose est sûre, il figure parmi mes coups de coeur de l’année, sans aucun conteste !

Éditions Les Moutons électriques, 2020, 319 pages.

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